Les jeunes représentent 75% de la population de la commune de Marhoum. La plupart sont chômeurs et leur quotidien morose est marqué par la précarité financière et l'absence d'emploi. Située dans les hautes plaines steppiques et agro-pastorales, à 120 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, la commune de Marhoum s'étend sur 63 000 hectares, englobant cinq zones d'ombre. Il s'agit de Fayde Souk, Fawdate, Bereouine, Benmesabih et Sayle, où vivent plus de 7 500 habitants, dont la plupart sont des agropasteurs vivant dans des zones où manquent les commodités les plus essentielles. Les jeunes représentent 75% de la population de la commune de Marhoum ; la plupart sont chômeurs et leur quotidien morose est marqué par la précarité financière et l'absence d'emploi. "À part les murs, on n'a rien ici... Pas de travail, pas de loisirs. On ne peut pas comparer notre vie à celles des autres villes de la wilaya. Aussi, les populations des zones d'ombre vivent dans le dénuement le plus total et sont en retard quant au développement", déplore-t-on. Et d'ajouter : "Dans certaines zones déshéritées, les populations vivent dans le dénuement le plus total et sans aucune commodité, en l'absence de pistes rurales, de raccordement des habitations aux réseaux d'électrification, de gaz naturel et d'assainissement. Donc, en priorité, nous avons besoin d'un programme spécial de désenclavement pour ressusciter ces zones d'ombre qui demeurent éprouvées par un grand retard en matière de développement." En ce sens, un quinquagénaire, agropasteur de son état, nous a signalé qu'en termes de désenclavement "les habitants de la commune de Marhoum et des zones d'ombre qui lui sont rattachées insistent sur les problèmes d'alimentation en eau potable, d'emploi, d'amélioration des conditions de scolarité, de transport scolaire, de couverture sanitaire et d'encadrement des structures pour jeunes en procédant au recrutement d'employés et autres travailleurs permanents". Il est relayé par un enseignant du secondaire, qui explique que cette région du Sud dispose d'importantes ressources en eau superficielle et souterraine et "leur exploitation rationnelle dans le secteur de l'agriculture permettrait de fixer les populations dans leurs zones d'origine afin d'exploiter les terres, notamment à travers l'investissement dans la céréaliculture, l'oléiculture, la plantation d'arbres fruitiers, l'apiculture, l'élevage de bovins et d'ovins en vue de créer de nombreux postes d'emploi". Pour sa part, le président de l'APC de Marhoum, Mohamed Beneddine, a évoqué les préoccupations soulevées par les citoyens et les perspectives de développement, surtout celles liées à l'aménagement de pistes rurales, au raccordement aux réseaux d'électrification, de gaz naturel et d'assainissement. "À ces absences de commodités nécessaires à une vie décente auxquelles sont confrontés les citoyens des zones d'ombre, s'ajoute le problème d'octroi d'autorisation de forage de puits. Nous espérons qu'il sera réglé rapidement par la Direction des ressources en eau", a-t-il indiqué. Surcharge des classes, structures culturelles et sportives sous-encadrées En ce qui concerne le raccordement au réseau de distribution de gaz naturel, le maire de Marhoum a signalé que malgré les distances de 15 à 20 km entre la commune et les zones d'ombre qui posent problème en raison des coûts des projets de raccordement, "une opération d'approvisionnement en gaz propane est actuellement en cours au profit de huit habitations pour lesquelles des bouteilles de propane ont déjà été installées". Quant à l'approvisionnement de ces zones enclavées en bonbonnes de gaz butane, Mohamed Beneddine a fait savoir qu'il s'effectue une fois par semaine au niveau du chef-lieu de la commune de Marhoum, ce qui pose un réel problème de déplacement pour les populations des cinq zones d'ombre. Sur le plan éducation, la commune de Marhoum et ses cinq zones d'ombre comptent quatre écoles primaires, un CEM et un nouveau lycée. "Malgré cela, nous souffrons de la surcharge des classes, raison pour laquelle nous avons demandé l'inscription d'un groupe scolaire pour atténuer un tant soit peu ce problème. Il y a aussi le transport scolaire des élèves qui pose problème car nous n'avons qu'un seul bus pour l'ensemble des zones d'ombre et c'est insuffisant pour transporter quotidiennement plus de 100 élèves. À ce sujet, nous réitérons notre appel au wali pour nous doter de bus et pour la création de postes budgétaires de chauffeurs, de femmes de ménage et de personnel de cuisine pour les écoles primaires". Pour ce qui est du volet culture, jeunesse et sport, le président de l'APC a reconnu que les infrastructures et les équipements existent, mais ils manquent d'encadreurs et d'animateurs, "à tel point qu'un seul agent fait fonction de directeur, animateur et gardien de l'établissement. Récemment on a bénéficié de l'intégration de deux gardiens de nuit, mais rien pour l'animation. À Marhoum, il y a une maison de jeunes équipée de moyens, qui a bénéficié récemment d'une opération d'aménagement, mais point de personnel pour la gérer. Nous manquons d'encadreurs. Il y a aussi un projet de réalisation d'une piscine qui est en cours et nous espérons qu'elle sera encadrée". Nécessité de développer les activités agricoles et économiques S'agissant du logement rural, notre interlocuteur indiqué que la commune de Marhoum, qui compte 7 500 habitants, a bénéficié de plusieurs types de logements, notamment des groupements de logements ruraux. Les citoyens ont déjà entamé les travaux de construction. "Pour l'instant, nous avons enregistré plus de 1 000 demandes de logements, dont certaines datent de 2012." Pour ce qui est de l'investissement au niveau de ces cinq zones d'ombre, le président de l'APC de Marhoum a fait savoir qu'il est d'une grande importance pour la population de cette région steppique à vocation agro-pastorale, qui dispose de ressources hydriques souterraines assez importantes, susceptibles d'attirer les investisseurs. "Pour l'investissement, il faut qu'il y ait des facilitations, surtout dans les domaines de l'agriculture et de la transformation agroalimentaire. Nous avons reçu trois investisseurs dans le secteur de l'agriculture venant de différentes wilayas ; l'un d'entre eux est intéressé par la culture de la pomme de terre et du pistachier, ce qui permettrait de créer 600 postes d'emploi". Et d'ajouter : "Il y a aussi trois candidats à l'investissement, dont le premier est intéressé par la création d'une agence de contrôle technique de véhicules au niveau de la zone d'activité, le deuxième pour une entreprise de transport de voyageurs et le troisième pour la culture du raisin et la création d'une unité de transformation agroalimentaire."