La deuxième édition du livre "Sur les traces des Kabyles exilés en Tunisie", de Farida Sahoui, a été présentée avant-hier lors d'une vente-dédicace à la librairie Cheikh Multi-livres, au chef-lieu de wilaya. "Cette rencontre a été organisée à la demande de lecteurs qui ont apprécié mon livre, mais qui étaient surtout fascinés par l'histoire de ces Kabyles exilés en Tunisie. J'avoue que ces exilés étaient, avant cet ouvrage, tout à fait méconnus du grand public", a estimé Farida Sahoui, pour qui ce récit a déterré l'histoire de ces déportés. Farida Sahoui s'est encore intéressée , dans ce livre, à la famille Amrouche, Jean El-Mouhoub, Taos et leur mère Fadhma Ath Mansour, comme un exemple de la classe intellectuelle kabyle et algérienne en Tunisie. "Je me suis intéressée davantage à leurs 40 ans de vie en Tunisie", a-t-elle précisé. Pour ce qui est de son ouvrage, elle a expliqué qu'il est venu compléter un premier essai publié en 2017. "En fait, une autre édition n'était pas prévue. Mais, vu l'intérêt que notre communauté a porté à mon travail et par devoir de transmission, je suis passée à une nouvelle édition", a indiqué Farida Sahoui, en ajoutant que le drame de ces exilés de force n'est pas loin de celui des déportés de la Nouvelle-Calédonie, de Cayenne et même des convoyeurs de Madagascar. "Le drame des Kabyles de Tunisie réside dans la contrainte de partir, souvent sans retour, laissant leurs familles. Ils gardent encore la douleur de leur déportation par la France. Ils vivent un déchirement culturel et familial", a-t-elle expliqué à propos de ces déportés partis après l'échec de la révolte populaire de 1871 et suite au traité du Bardo de 1881. "En effet, après l'échec des révoltes populaires d'El-Mokrani en 1871, une diaspora algérienne s'était produite dans différentes villes tunisiennes", explique l'auteur, précisant que beaucoup d'entre elles comptaient des agriculteurs installés en majorité à Bizerte, à Mater, à Menzel-Bourguiba et à Kairouan. "Ces familles étaient des personnes simples qui m'ont ouvert les portes de leur maison et celles de leur cœur pour raconter leur vécu", note-t-elle, tout en estimant que l'écriture de cet essai est, avant tout, un devoir de mémoire. "Je me sentais vraiment redevable envers elles. C'est par admiration, par empathie et par respect que je me suis engagée à écrire et à publier ce travail", a estimé Farida Sahoui. "En Tunisie, j'ai contacté des personnes qui pouvaient, à mon sens, donner une contribution personnelle pour mieux avancer dans mon travail", a-t-elle relevé, en citant le cas, dont l'épopée est longuement racontée dans le livre, de Zouaoui Abdelaziz qui est, a estimé Farida Sahoui, le gardien d'une mémoire menacée, celle des exilés kabyles en Tunisie.