L'Algérie s'emploie à la création d'une agence de gestion de la sécurité ainsi qu'une structure type “bureau enquêtes et accidents” Le séminaire sur la sécurité aérienne organisé hier par le ministère des Transports à l'hôtel El-Djazaïr est arrivé à point nommé pour débattre encore une fois de la question cruciale que peut représenter “la sécurité aérienne” au moment même où plusieurs incidents survenus sur nos avions (pavillon national) sont signalés çà et là notamment sur les appareils affrétés auprès des Turcs. “La sécurité ne réside pas uniquement dans l'acquisition d'appareils neufs”, dira M. Paul-Louis Arsalian, expert français, spécialiste des enquêtes et des analyses dans la sécurité aérienne. Cela implique qu'il ne suffit pas de renouveler la flotte de la compagnie nationale pour dire que l'Algérie a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer les conditions requises en matière de sécurité aérienne. La date fatidique du 6 mars 2003 qui a vu le crash de l'avion d'Air Algérie à Tamanrasset, endeuillant de nombreuses familles (102 victimes), est gravée à jamais dans les esprits des Algériens qui n'oublieront pas ce drame. Et si l'année 2004 a été décrétée comme étant la plus sûre depuis la création de l'Organisation internationale de l'aviation civile (OACI), l'année 2005, quant à elle, a été l'année la plus meurtrière avec les quatre accidents survenus le mois d'août dernier et qui ont engendré le décès de 337 personnes avec tout ce que cela suppose comme bouleversement dans la vie de leurs proches. “Chaque accident intervenu relève d'une responsabilité de tout un chacun. C'est un échec collectif”, dira M. Arsalian lui-même qui a participé dans l'enquête menée sur le crash de l'avion d'Air Algérie pour reconnaître à notre pays des efforts indéniables consacrés depuis cet accident regrettable. “Les résultats de l'audit de suivi des services de l'aviation civile effectué par l'OACI du 27 au 29 juin 2004 ont été qualifiés de positifs si l'on considère que sur les 23 recommandations demeurant ouvertes depuis l'audit de 2000, seules 9 restaient à satisfaire parmi lesquelles 5 ont été retirées dès la publication des textes réglementaires y afférents”, a déclaré hier Maghlaoui, ministre des Transports, assurant, à l'occasion, que d'autres mesures étaient en cours d'élaboration. Il s'agit du texte législatif, actuellement en phase de finalisation, qui devra introduire incessamment des organes spécialisés chargés de la régulation, de la supervision et du contrôle des activités de l'aviation civile. Une réforme donc en profondeur de toutes les institutions à la fois au plan de leur organisation et de leur fonctionnement. Le ministre, pour sa part, parlera de la création d'une agence pour la gestion de la sécurité aérienne comme il est prévu, par ailleurs, la mise en place d'une structure type “bureau enquêtes et accidents”. D'autres actions lancées concernent le renouvellement de la flotte d'Air Algérie avec des avions de nouvelle génération, la mise aux normes internationales de la base de maintenance de la compagnie nationale, la mise en exploitation prochaine de la nouvelle aérogare d'Alger, la modernisation du système de gestion du trafic aérien avec l'acquisition des équipements nécessaires devant garantir de meilleures prestations de service aux utilisateurs, notamment en matière de survol du territoire national (meilleure couverture radar, création d'un nouveau centre de contrôle dans le sud du pays etc., et enfin le lancement d'un vaste programme de formation qui est actuellement en cours d'élaboration et qui concernera aussi bien les pilotes que les mécaniciens. Nabila Saïdoun