Le sort réservé aux sept jeunes du village vivant en Ukraine était sur toutes les lèvres, lors de notre virée, ce mardi 1er mars, à Toudja, localité distante d'une vingtaine de kilomètres de la ville de Béjaïa. La plupart des citoyens rencontrés dans la rue ou dans les cafés, ont été unanimes à exprimer leur inquiétude sur le devenir de leurs compatriotes installés en Ukraine, dont des étudiants qui se démènent avec les moyens du bord. "Nous avons recensé sept citoyens originaires de Toudja qui vivent en Ukraine. Certains y sont allés pour étudier, d'autres pour travailler", nous a fait savoir Djamel Hassissi, fonctionnaire à l'APC de Toudja. Selon lui, bien que ces sept jeunes soient à l'abri du danger, un sentiment d'inquiétude habite toujours leurs familles qui sont en contact permanent, via les réseaux sociaux, avec leurs enfants bloqués dans cette zone de conflit en Ukraine. "Nos sept compatriotes ont tous quitté le territoire ukrainien. Ils sont actuellement en Pologne. Il y a eu un formidable élan de solidarité qui s'est manifesté en faveur des migrants algériens", assure notre interlocuteur. C'est Rachid Ghermine, professeur de mathématiques à la retraite, rencontré dans un café maure situé au chef-lieu communal de Toudja, qui nous a mis en contact avec l'un de ses anciens élèves partis en 2021 en Ukraine pour faire des études. Ce dernier, Amirouche, âgé de 34 ans, natif du village de Cheurfa, est titulaire d'un mastère 2 en économie industrielle. Basé dans la ville provinciale de Zhytonrska, ce ressortissant algérien, à l'instar de ses compatriotes établis en Ukraine, avait choisi d'étudier dans ce pays d'Europe de l'Est en raison des conditions d'éligibilité qui s'avèrent moins difficiles comparativement à d'autres pays de l'Union européenne. "Les frais d'inscription dans une université ukrainienne sont de 300 000 DA, tandis que dans les autres pays européens, ils coûtent les yeux de la tête. D'où le choix des universités ukrainiennes", nous explique M. Hassissi. La mésaventure du jeune Amirouche Joint par internet, le jeune Amirouche, qui se trouve actuellement à Berlin, la capitale allemande, a eu l'amabilité de se confier à Liberté, racontant avec amertume sa mésaventure en Ukraine suite à l'offensive militaire menée par les forces armées russes. Lors de notre entretien, il évoque notamment les moments pénibles qu'il a vécus lors de son départ précipité d'un pays en proie aux bombardements. "J'avais réservé un billet d'avion pour regagner mon pays, le 25 février dernier. J'allais prendre un vol sur Tunis via la Turquie. Néanmoins, la veille de mon départ, le 24 février vers 6h du matin, un premier missile tombe sur la capitale ukrainienne, plongeant la population dans un climat de peur et d'incertitude", lâche d'emblée Amirouche. C'est dans ce climat de frayeur que ce jeune homme et ses camarades algériens ont pris la poudre d'escampette pour s'extirper de cette zone de danger. "Nous avons pris la direction de la capitale, Kiev. Ensuite, nous avons été transportés par des camions militaires vers la zone frontalière avec la Pologne. Après des centaines de kilomètres de route, nous nous sommes retrouvés devant le premier poste frontalier, où des soldats ukrainiens veillaient au filtrage de ces milliers de personnes qui voulaient fuir cette zone rouge. Devant la barrière de contrôle d'accès, c'est le branle-bas de combat. Une mêlée et des bousculades, c'est un peu 'pousse-toi de là que je m'y mette'. Comme les femmes et les enfants en bas âge sont les plus favorisés, j'ai dû prendre un bébé, en accord avec sa famille, pour me frayer un chemin au milieu d'une foule compacte", relate-t-il. Après la procédure d'enregistrement des papiers, il a pu prendre la fuite vers le poste frontalier situé dans le territoire polonais. Une fois sur les lieux, les éléments de la police des frontières leur réservent finalement "un accueil chaleureux", en les plaçant dans un centre de réfugiés pour se reposer, avant de les inviter à déjeuner, a-t-il ajouté. "Quelques heures plus tard, nous étions une quarantaine de migrants de différentes nationalités à être transportés par bus vers une salle de sports dotée de toutes les commodités. Le lendemain, on nous a restitué nos papiers tout en nous délivrant un laissez-passer valable sur tout le territoire polonais avec la gratuité des transports. C'est à ce moment-là que j'ai ressenti une sorte de délivrance", a-t-il affirmé. Après avoir rallié la capitale polonaise, Varsovie, Amirouche prend le train desservant la capitale allemande, Berlin, où il est hébergé par un Algérien, en attendant de rejoindre son frère, installé en France. "Demain, je prendrai la route pour la France, où mon frère m'attend avec impatience", a-t-il conclu.