Soulagement, larmes de joie et «youyous». L'aéroport d'Alger a été, jeudi soir, le théâtre d'un de ces évènements qui nous rend si fier d'être algérien. Il ne s'agit pas d'un match de football mais de quelque chose de bien plus important. 76 de nos compatriotes ont été rapatriés d'Ukraine. Ils ont été «extirpés» des zones de guerre pour retrouver leurs familles, comme l'a ordonné le président de la République Abdelmadjid Tebboune portant rapatriement de tous les ressortissants algériens désirant rentrer au pays en raison du conflit en Ukraine. C'est le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, en personne qui s'est occupé de coordonner cette lourde tâche. Il était, d'ailleurs, à l'accueil des «rapatriés «qui s'est fait très tard dans la soirée. Sourire aux lèvres, Lamamra a chaleureusement salué ces passagers d'un autre genre, envoyant au passage un message fort au reste de leurs compatriotes se trouvant encore en Ukraine ou dans les pays frontaliers. L'Algérie n'abandonne jamais ses enfants, où qu'ils se trouvent dans le monde. Dans ce sens, le chef de la diplomatie algérienne fait savoir que d'autres vols du genre sont au programme. «L'opération d'aujourd'hui est la première du genre et d'autres vols sont prévus dans les prochains jours», a-t-il attesté. «Les services de nos ambassades sont mobilisés au niveau des frontières avec l'Ukraine pour faciliter le transit des ressortissants vers la Roumanie, la Hongrie et la Pologne «, a souligné le ministre des AE. Une information que nous avions confirmée en début de semaine dernière à travers le témoignage d'étudiants qui tentaient de quitter l'Ukraine par voie terrestre. Ils nous avaient appris que les Maghrébins et Africains avaient été «bloqués «par les autorités polonaises et roumaines avant que la diplomatie algérienne n'intervienne très rapidement afin de leur faciliter le passage vers l'Union européenne. « On a obtenu très vite des visas Schengen d' un mois. On a pu passer la frontière, dès samedi soir (26 février, Ndlr) alors que certains amis d'autres pays de la région sont encore bloqués jusqu'à aujourd'hui «, ont-ils témoigné non sans remercier les autorités algériennes pour leur réactivité. Ainsi, après leur avoir permis de «sortir «des zones de conflits, l'Etat algérien leur a donné la possibilité de revenir dans leur patrie, auprès de leurs proches. Néanmoins, comme le souligne, Ramtane Lamamra, le rapatriement n'est pas obligatoire. «Il tient compte du désir de nos ressortissants de rentrer ou non au pays», a- t-il précisé. Il révèle, à ce titre, que beaucoup de nos compatriotes qui sont arrivés dans les capitales des pays suscités n'ont pas voulu être rapatriés dans le vol d'aujourd'hui. «Cela alors qu'il y a eu assez de places», atteste- t-il. «Certains espèrent peut-être retrouver les bancs des universités prochainement, d'autres ont décidé de rester pour d'autres raisons «, a expliqué le ministre. Il réaffirme, cependant, que les ambassades et les consulats d'Algérie restent tout à fait disposés à prendre en charge tout Algérien désirant rentrer au pays. Il a profité de l' occasion, salué la solidarité de plusieurs familles algériennes avec leurs compatriotes au niveau des frontières avec l'Ukraine, en leur proposant nourriture et hébergement. «Des familles étrangères ont aussi offert de l'aide aux ressortissants algériens «, a ajouté le ministre, reconnaissant que la traversée de ces derniers du territoire ukrainien vers les frontières n'a pas été facile. Mais malgré ce péril, ils ont fini par rentrer chez eux sains et saufs grâce au bras tendu de la diaspora algérienne en Europe ainsi que celui de leur pays. A leur arrivée à l'aéroport d'Alger, malgré leur long et fatiguant voyage, ils n'ont pas omis de remercier vivement les autorités algériennes pour leur mobilisation et la prise en charge qu'on leur a assurée dès les premiers jours. «Merci à nos compatriotes qui nous ont aidés. Merci au Président Tebboune qui ne nous a pas abandonnés», lance une jeune étudiante qui s'est écroulée en pleurs dans les bras de sa maman. «On a senti que nous avions un Etat sur lequel on peut compter. Il nous a sauvés, il a sauvé notre dignité», conclut un autre étudiant avant de se coucher par terre pour remercier Dieu et embrasser la terre où il est né. Comme lors du début de la pandémie de Covid-19, l'Algérie récupère donc ses enfants...