Les experts préconisent un rééquilibrage des missions de l'administration pénitentiaire afin de revaloriser la fonction de rééducation. Les travaux du forum sur le rôle de la société civile dans l'insertion des détenus ont été clôturés, hier après-midi, à l'hôtel Erriad de Sidi Fredj avec l'adoption d'une série de recommandations visant l'amélioration du rôle de la rééducation de l'administration carcérale et l'implication plus accrue de la société civile dans l'accompagnement des ex-prisonniers dans leur retour vers la vie en société. Préconisé comme une sanction suprême, l'enfermement est loin d'être le moyen le plus qualifié pour punir les délinquants et les criminels. En France, seulement 59 786 individus jugés sont mis sous les verrous contre un peu plus de 126 000 placés également sous l'autorité de la justice, mais bénéficiant de régimes plus souples. Les peines d'emprisonnement n'étant pas systématiques, d'autres sentences sont prononcées, notamment pour les délits les moins graves comme le travail d'intérêt général. C'est une notion méconnue des juges algériens. D'où l'insistance des experts conviés au séminaire de l'administration pénitentiaire à l'intégrer dans le corpus des sanctions. Trois ateliers ont rendu leurs conclusions. Le premier a planché sur la rééducation et la réinsertion proprement dites en encourageant outre les travaux d'intérêt général, l'aménagement d'ateliers externes. Les rédacteurs ont insisté, notamment sur l'association des détenus à de grands projets comme la forestation et l'aménagement du territoire. Selon Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration carcérale, 24 ateliers seront créés en 2006 et en 2007. Ils auront pour rôle de préparer les pensionnaires à un retour vers la vie active. Leur faire prendre conscience de leur utilité est aussi un moyen de prévenir la récidive. à côté du travail, l'instruction figure en bonne place dans les exhortations des trois ateliers. Si le premier prône l'affectation dans chaque établissement d'un prédicateur religieux, apte à réconcilier les délictueux avec leur foi et la morale, le second concède aux associations un rôle d'appui à la formation accordée par l'état aux prisonniers. Ce soutien doit aussi s'exprimer à travers l'écoute et l'accompagnement des ex-détenus, notamment dans la recherche d'un toit. Néanmoins, les ONG doivent bénéficier à leur tour de l'assistance des autorités pour l'ouverture de centres d'hébergement d'anciens prisonniers démunis et seuls, comme les femmes, les vieillards ou les handicapés. Très ambitieuses, elles envisagent de mettre en place des cellules d'écoute employant des psychologues et des assistantes sociales bénévoles. De son côté, l'état est appelé à fournir le même effort en réhabilitant les missions de ces deux catégories de professionnels. Enfin, le dernier atelier, qui a traité du rôle exclusif de l'administration pénitentiaire, a souligné la nécessité de rééquilibrer les activités de cette direction en faisant de l'insertion une priorité. La révision du système de formation des agents pénitentiaires et leur spécialisation sont vivement souhaitées, par ailleurs. Samia Lokmane