Chaque année, c'est le même scénario. Une spéculation à outrance provoquant une explosion des prix des produits de large consommation. La miséricodre qui, naturellement, caractérise ce mois sacré s'éclipse devant la voracité des profiteurs en tout genre. La sempiternelle rengaine. Chaque année, à la veille du Ramadhan, l'Algérien retient son souffle et se "tient le ventre". La fièvre des prix risque de casser le thermomètre et l'inquiétude des consommateurs commence à se faire sentir. Un vrai casse-tête pour le gouvernement qui est appelé à assurer la disponibilité des produits de large consommation dont la demande augmente considérablement. Le gouvernement doit mettre les bouchées doubles pour que les ménages aient accès facilement et surtout à des prix abordables à ces produits prisés durant le mois sacré. Quitte à recourir aux importations, lorsque la production nationale passe des périodes de flottement pour plusieurs raisons, notamment des quantités produites inférieures à la demande, des rendements moindres ainsi que les méfaits de la spéculation. C'est le cas édifiant de la pomme de terre puisque le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a élaboré, en coordination avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, un programme "exceptionnel" d'importation de 100 000 tonnes par lots, dans le but de faire baisser les prix qui connaissent une flambée inexpliquée depuis des semaines. Le programme proposé par le comité conjoint entre les secteurs du commerce et de l'agriculture, créé pour examiner les solutions à même de réguler le marché dans la filière de la pomme de terre, comprend l'importation d'un premier lot de 30 000 tonnes, qui sera suivi d'autres lots, portant la quantité totale à 100 000 tonnes "au cas où les prix continueraient à augmenter", a expliqué le directeur de l'organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce, Ahmed Mokrani. Ce programme s'inscrit dans le cadre d'une série de mesures prises par les secteurs du commerce et de l'agriculture pour faire face à la hausse des prix de la pomme de terre, qui a atteint ces derniers jours 150 DA sur certains marchés de la capitale avant de baisser à 100 DA actuellement. L'objectif recherché par ces deux départements ministériels est de faire baisser les tarifs du tubercule à des niveaux raisonnables, entre 50 et 60 DA, afin de préserver au mieux le pouvoir d'achat des citoyens, surtout à l'approche du Ramadhan. Cette opération d'importation vient, faut-il le souligner, en appoint du déstockage de quelque 15 000 tonnes à partir des chambres froides durant les 30 jours à venir. Pour les viandes, le groupe Algérienne des viandes rouges (Alviar) a mis en œuvre un programme pour l'importation de 10 000 vaches pour abattage, après avoir effectué une première opération d'importation de 1 000 vaches. Plus de 3 000 tonnes de viande rouge congelée seront également importées en prévision du mois de Ramadhan. Hausse vertigineuse En plus d'assurer la disponibilité des produits de consommation, se pose la problématique des prix qui connaissent une hausse vertigineuse. Toutes les denrées alimentaires de base sont concernées par cette flambée. Cette inflation s'est aggravée depuis le début de l'année en cours, avec de graves conséquences sur le pouvoir d'achat des ménages. Pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens, le président de la République a dû suspendre des taxes et impôts contenus dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires de large consommation. L'Exécutif a même instruit le gouvernement de prendre toutes les mesures et procédures visant à éviter aux citoyens l'impact de la flambée vertigineuse des prix sur les marchés internationaux durant l'année en cours jusqu'à leur stabilisation. Et le recours aux marchés étrangers pour des importations d'appoint fait partie des mesures préconisées dans ce sens. Il est prévu aussi l'organisation d'une réunion de coordination entre les services du ministre du Commerce et les représentants des corps sécuritaires en vue d'élaborer une stratégie efficace qui réduira un tant soit peu les méfaits de la contrebande des produits alimentaires de large consommation à travers les frontières du pays. Car ce phénomène, à l'origine de pertes importantes pour le marché, provoque des pénuries récurrentes de produits et, de ce fait, porte atteinte à l'économie nationale. Autre ordre donné par Abdelmadjid Tebboune : maintenir l'"interdiction stricte" de l'importation des viandes congelées et encourager la consommation des viandes locales. Cela étant, la disponibilité en grandes quantités des produits alimentaires de large consommation avancée par Ahmed Mokrani permettra d'éviter toute perturbation dans l'approvisionnement des marchés en ce mois sacré. D'importants stocks de produits alimentaires de base sont disponibles, suffisants jusqu'au mois de juin prochain, ce qui permettra un approvisionnement confortable du marché durant le mois sacré, selon le bilan de l'activité de cette commission interministérielle. Ainsi, ce responsable a fait savoir que les quantités actuellement disponibles de poudre de lait au niveau de l'Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (Onil) s'élèvent à 105 000 tonnes. Les stocks de blé dur s'élèvent à 9 412 604 quintaux contre 21 159 224 quintaux pour le blé tendre. Les 428 minoteries de blé tendre et les 155 de semoule approvisionnent quotidiennement les marchés en quantités considérables de farine et de semoule, indique-t-il. De son côté, l'Office national des aliments de bétail (Onab) prépare un programme spécial de distribution de 10 000 tonnes de viandes blanches au niveau de 72 points de vente durant le mois de Ramadhan, avec la possibilité d'étendre ces points de vente à 150 à travers tout le territoire national.