L'avènement de la monnaie électronique suppose des évolutions réglementaires et du cadre institutionnel. Le Cercle d'action et de réflexion pour l'entreprise (Care) a organisé, mercredi dernier, en partenariat avec l'UNCDF (United Nations Capital Development Fund), une journée d'étude sur le thème de l'inclusion financière au moyen des technologies du numérique. La transformation digitale et le développement des services numériques sont au cœur des préoccupations macroéconomiques de l'Algérie, qui fait face à un souci, évident, d'une meilleure inclusion financière. Le dernier rapport de la Banque d'Algérie, sur les tendances monétaire et financière au premier semestre 2021, a fait état d'un peu plus d'un tiers de la masse monétaire qui circule en monnaie fiduciaire, ce qui représente, environ, un tiers du produit intérieur brut. Ce qui est "énorme", soutiennent certains experts. À cela s'ajoute le fait que beaucoup d'Algériens ne sont pas bancarisés. Dans ce contexte, "la monnaie électronique peut être un tremplin pour une meilleure inclusion financière et un outil pour la digitalisation d'au moins une partie des services financiers", estime-t-on. Cependant, comme l'a souligné l'économiste Rachid Sekak, l'avènement de la monnaie électronique suppose des évolutions réglementaires ainsi que du cadre institutionnel. Pour Alice Negre, spécialiste d'inclusion financière à l'UNCDF (Fonds d'équipement des Nations unies), la finance digitale peut transformer les perspectives économiques des pays émergents. La monnaie électronique, estime-t-elle, est un socle nécessaire pour une digitalisation financière inclusive. Alice Negre explique que la monnaie électronique est une réserve de valeur prépayée, stockée sur un compte et accessible sur téléphone mobile. Les fonctionnalités des comptes de monnaie électronique sont limitées (plafond et restriction en termes de nombre de transactions). Ces limites imposent, ainsi, une maîtrise des risques, ce qui permet, en contrepartie, d'ouvrir des comptes plus facilement. Alice Negre précise qu'il ne s'agit pas de création monétaire. Il s'agit plutôt d'un compte prépayé. Il ne s'agit pas de banque à distance ou de mobile banking. En Algérie, un grand nombre de prérequis pour créer les conditions de l'adoption de la monnaie électronique sont déjà en place : Des taux élevés d'alphabétisation, de couverture internet et pénétration mobile. Ces critères favorisent la digitalisation du système bancaire et laissent présager un accueil massif des services financiers numériques par la population algérienne, particulièrement celle non ou faiblement servie par le réseau bancaire, ainsi que celle ne disposant pas de services financiers adéquats. La prochaine étape serait donc de mettre en place un cadre réglementaire favorable au déploiement de ces services. Dans ce cadre, la Banque d'Algérie est résolument tournée vers la digitalisation des moyens de paiement. Elle a autorisé la carte de paiement sans contact et a donné son feu vert au GIE monétique pour la mise en place d'une solution de Mobile Payment. L'avant-projet de loi sur la monnaie et le crédit, en maturation, devrait ouvrir, une fois adopté, la voie à l'émergence de prestataires de services de paiement (PSP). Cependant, comme l'a relevé le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie, Mouatassam Boudiaf, si l'ancrage juridique est peut-être une condition nécessaire, elle n'est pas suffisante pour le développement de la monnaie électronique. Pour preuve, la sous-utilisation des instruments de paiements électroniques, alors que tous les moyens ont été mis en place. Le cash reste, malheureusement, la règle en Algérie. Pour le président du Care, Slim Othmani, avec la monnaie électronique, "on peut calmer le jeu de l'inflation".