Le développement du paiement par mobile, ou le m-paiement, constitue un élément accélérateur de l'inclusion financière et de la croissance économique en Algérie mais reste tributaire d'une réglementation plus explicite et moins contraignante, selon l'avis des experts et des professionnels. Lors d'une rencontre organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), les intervenants étaient unanimes à préconiser une nouvelle réglementation régissant les modes de paiement électronique qui définisse clairement le rôle de chaque intervenant dans cette activité qui est à la traîne en Algérie malgré les progrès techniques réalisés en la matière. Et comme le e-paiement (paiement d'achat via internet) et le m-paiement (paiement via un téléphone mobile) engendrent des échanges d'informations nécessaires pour effectuer les transactions, la garantie du caractère confidentiel de ces informations devrait être au centre de la réglementation escomptée, selon ces experts. La semaine dernière, la ministre de la Poste et des TIC, Houda Imane Feraoun, a affirmé que la mouture d'un avant-projet de loi relatif au e-commerce était en phase de finalisation. « Ce type de transactions commerciales devrait entrer en service rapidement et sans difficulté, une fois que la Banque d'Algérie aura donné son aval et après adoption du texte par les deux chambres du Parlement », avait déclaré la ministre. Les représentants des trois opérateurs de téléphonie mobile présents en Algérie ont confirmé tous, lors de la rencontre du Care, que l'obstacle face à l'émergence du e-paiement était d'ordre réglementaire, rappelant que le pays comptait plus de 43 millions d'abonnés aux réseaux de téléphonie mobile. Selon Ali Harbi, consultant international en stratégie et organisation d'entreprises, un pays « ne peut pas être attractif pour les IDE si ses investisseurs ne peuvent même pas payer par carte ». En Algérie, le e-commerce existe mais il se limite à l'achat online, alors que le paiement par internet ou par téléphone mobile reste très timide, voire inexistant, en raison d'obstacles réglementaires notamment. En plus de l'absence d'une loi définissant clairement la responsabilité de chaque acteur dans la transaction électronique, l'authentification de la signature électronique, même si elle a été encadrée par une nouvelle loi en 2015, attend toujours les textes d'application pour sa mise en œuvre, ce qui bloque l'émergence de e-payment en Algérie, rappellent les experts. « Acheter une pizza par internet mais la payer cash une fois le livreur arrivé à domicile, ce n'est pas le e-payment », ironise Harbi. L'expert en télécoms, Fodhil Kerkache, qui a d'abord assuré que le retard accusé en matière de paiement électronique n'était pas un retard technique, a proposé une révision de la réglementation à même de permettre à des boîtes privées de lancer leurs propres portefeuilles électroniques, c'est-à-dire autoriser l'émission de monnaie électronique en dehors des banques. En fait, une transaction dont le paiement se fait par téléphone mobile peut être débitée soit sur une carte bancaire, soit sur la facture de l'opérateur, soit sur un porte-monnaie électronique alimenté avec un dépôt cash auprès d'un agent ou un commerçant, une pratique qui n'est pas autorisée en Algérie.