Face à ce qu'elle qualifie de "chantage" de certains syndicats d'enseignants, l'Union nationale des parents d'élèves (UNPE) monte au créneau pour dénoncer "la prise en otage des enfants" par le truchement des revendications des travailleurs du secteur. Si elle assure, dans un communiqué rendu public, reconnaître la "légitimité" de certaines revendications, elle affiche un agacement face à "un chantage" exercé par "certains syndicats". Le document cite clairement le recours à la rétention des bulletins de notes du premier trimestre. Cette situation a poussé certains élèves à se révolter, comme ce fut le cas la semaine dernière à El-Oued lorsque des élèves ont bloqué leur lycée pour réclamer leurs bulletins. "Je suis moi-même issu du corps enseignant. Je comprends parfaitement leurs revendications. Mais il ne faut pas non plus que les élèves constituent une monnaie d'échange", a fulminé Mohand-Saïd Djaffar, porte-parole de l'UNPE, contacté par Liberté. Malgré cela, le représentant de l'association des parents d'élèves refuse d'accabler les enseignants. Il revient aux responsables, au ministère de l'Education nationale d'"engager un dialogue sérieux qui puisse aboutir à la résolution des problèmes des enseignants", a-t-il expliqué. "Nous sommes conscients qu'un enseignant mis dans de bonnes conditions pourra faire son travail correctement pour le bien des élèves", a ajouté le représentant des parents d'élèves. Du côté des syndicats, on se défend d'avoir pris en otage les élèves. Pour le porte-parole du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et des personnels ternaires de l'Education (Cnapeste), Messaoud Boudiba, "les parents d'élèves ont désigné le mauvais adversaire". "Les parents d'élèves ont le droit de protester si leurs enfants n'avaient pas de notes, n'ont pas eu de cours ou d'examens. Or, sur le plan pédagogique, les enseignants ont fait leur devoir. Tout a été assuré malgré la situation difficile que nous vivons", se défend le représentant des enseignants, qui insiste sur le fait que la non-attribution des bulletins est une "action administrative qui n'influe pas sur le travail pédagogique". Le Cnapeste a utilisé un procédé inédit : ses adhérents ont refusé de délivrer les bulletins de notes du premier trimestre. Une action que les élèves et leurs parents contestent. La colère est plus grande chez les collégiens et lycéens des classes d'examen qui ont besoin de leurs notes pour mieux appréhender les deux examens qui restent avant les épreuves finales. Une colère que les enseignants éludent puisque "de toute façon, les élèves ont leurs notes chez les enseignants de manière individuelle". Au niveau du département d'Abdelhakim Belabed, on préfère éviter la polémique et axer le travail sur "la concertation". Des réunions sont régulièrement organisées avec les syndicats agréés. Mais tout ce dialogue bute sur un point essentiel : le ministère de l'Education nationale ne peut rien face aux revendications salariales des enseignants, la décision étant entre les mains du gouvernement, voire de la présidence de la République.