Le verdict dans le procès des assassins présumés de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara, tué en 1987 dans un putsch, sera rendu le 6 avril, a annoncé le président du tribunal militaire de Ouagadougou vendredi soir, à l'issue des plaidoiries de la défense. Les débats étant terminés, le jugement est mis en délibéré et sera rendu "le 6 avril 2022 à 10h" (heure locale et GMT), a annoncé Urbain Meda. Plus tôt dans la journée, les avocats du général Gilbert Diendéré, l'un des principaux accusés de ce procès, avaient poursuivi leurs plaidoiries pour demander son acquittement. Selon Me Mathieu Somé, "le dossier est prescrit" et le tribunal devrait déclarer "l'action publique éteinte". "Ce procès vous donne l'occasion de jouer votre rôle historique qui crédibilisera encore notre justice", a lancé Me Somé aux juges. M. Diendéré est poursuivi pour "attentat à la sûreté de l'Etat", "complicité d'assassinats", "recel de cadavre" et "subornation de témoins", chefs d'accusation pour lesquels il plaide non coupable. Prenant la parole, à la suite de ses avocats, il a dénoncé la volonté du parquet de l'accuser dans un dossier où il "ne devrait pas être". M. Diendéré était l'un des principaux chefs de l'armée lors du putsch de 1987, fatal à Thomas Sankara, et purge déjà une peine de vingt ans de prison pour une tentative de coup d'Etat en 2015. Quatorze accusés sont jugés dans le procès des assassins de Thomas Sankara et de ses compagnons dans le coup d'Etat de 1987. M. Dienderé est le principal accusé présent au tribunal militaire de Ouagadougou, en l'absence de l'ancien président Blaise Compaoré, porté au pouvoir par le putsch et soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat, ainsi que de Hyacinthe Kafando, soupçonné d'avoir mené le commando ayant tué Sankara. Le parquet militaire a requis début février trente ans de prison ferme à leur encontre pour "attentat à la sûreté de l'Etat", "recel de cadavre" et "complicité d'assassinats". Vingt ans de prison ont été requis contre le général Gilbert Diendéré, une réquisition jugée "inique" par ses avocats. Commencées fin octobre, les audiences de ce procès historique ont été plusieurs fois suspendues, notamment au moment du coup d'Etat du 24 janvier au cours duquel le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré.