Une nouvelle affaire, un autre procès et une nouvelle condamnation en vue contre les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Cette fois-ci, ils sont poursuivis dans le dossier de l'homme d'affaires du groupe Benamor jugé la semaine passée. Le procureur de la République près le Pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M'hamed a requis, hier, des peines allant de deux à dix années de prison ferme contre eux et les autres coaccusés. Le parquet a réclamé dix ans de détention assortie d'une amende de deux millions de dinars contre les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et six ans de prison assortie de deux millions de dinars contre l'ancien ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, jugé comme prévenu libre. Les propriétaires du groupe agroalimentaire, Laïd et El-Hadi Benamor, encourent dix années de prison assortie d'une amende de huit millions de dinars, tandis que Sami Benamor risque, lui, huit ans de prison ferme. Le parquet a, par ailleurs, requis des peines variant entre deux et six années de prison contre le reste des accusés et une amende de 32 millions de dinars à l'encontre des sociétés incriminées. Les accusés sont poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation dont la dilapidation de deniers publics, le blanchiment d'argent, l'obtention d'indus avantages et l'exploitation illégale de terres agricoles dans le cadre de l'acquisition du complexe agroalimentaire de Corso, à Boumerdès. Le groupe Benamor est également poursuivi pour de présumés transferts illégaux de devises à l'étranger et des surfacturations lors d'opérations d'importation de blé. À l'ouverture du procès le 23 mars dernier (voir Liberté du 24/03/2022), Laïd Benamor, en détention depuis plus de deux ans, a clamé son innocence en niant avoir bénéficié de favoritisme dans le dossier de reprise de la minoterie de Corso, qui se trouvait à l'arrêt depuis 2003. Il a expliqué que l'Etat, en quête de partenaires privés pour sauver les minoteries, son groupe avait signé un accord de partenariat public-privé avec les Eriad d'Alger conformément à la réglementation pour prendre la gestion de la minoterie. Après avoir investi pour deux milliards de dinars en matériel et rénové l'ensemble de l'usine, le groupe Benamor a été débarqué sans explication, a continué l'accusé en avouant ignorer les raisons de cet évincement. Sur l'accusation de transferts illégaux de devises à l'étranger et des surfacturations lors de l'importation de blé, Laïd Benamor et son frère, Mohamed El-Hadi, actionnaire dans une société d'exportation de blé basée en Suisse, ont également nié toute violation de la loi. De son côté, Rachid Benaïssa, ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural, a nié être intervenu en faveur du groupe agroalimentaire, assurant que seul Benamor avait exprimé un intérêt pour l'usine de Corso. "C'est le Conseil des participations de l'Etat, que présidait le Premier ministre, qui a donné son accord pour le partenariat Benamor-Eriad." Ce qu'Abdelmalek Sellal, Premier ministre au moment des faits, a confirmé lors de sa déposition, en niant, lui aussi, avoir appuyé le groupe Benamor et assurant s'être conformé à la loi. Ahmed Ouyahia a également rejeté les accusations qui pèsent sur lui, les jugeant sans fondement. Désormais, la parole est aux avocats de la défense qui vont tenter de démonter le dossier d'accusation.