En trois semaines, la valeur de la livre soudanaise a chuté de plus de 45% par rapport au dollar américain, tandis que dans le même temps, il y a eu des augmentations spectaculaires des prix du pain, de l'énergie, des médicaments, des soins de santé et des transports publics. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Soudan a averti, lundi, que le pays risque de connaître "un effondrement économique et sécuritaire" et "une crise humanitaire particulièrement grave", a rapporté hier l'agence de presse Chine nouvelle. "Les enjeux sont élevés. Les aspirations des femmes et des hommes soudanais à un avenir prospère, démocratique et dirigé par des civils sont menacées. À moins que la trajectoire actuelle ne soit corrigée, le pays risque de se diriger vers un effondrement économique et sécuritaire, et d'importantes souffrances humanitaires", a averti Volker Perthes, représentant spécial d'Antonio Guterres et chef de la Mission intégrée des Nations unies pour l'assistance à la transition au Soudan (Minuats). "Toutes les parties prenantes soudanaises devront donc être prêtes à faire des compromis dans l'intérêt du peuple, de la stabilité et de la prospérité du pays, a déclaré Volker Perthes devant le Conseil de sécurité, lors d'un point de presse. Et de rappeler que le Soudan est sans gouvernement fonctionnel depuis octobre 2021 et que, "faute d'un accord politique pour revenir sur une voie de transition acceptée, la situation économique, humanitaire et sécuritaire se détériore". "Le temps n'est pas du côté du Soudan, et je vous parle aujourd'hui avec un sentiment d'urgence, qui est également de plus en plus ressenti par les acteurs soudanais soucieux de la stabilité et de l'existence même de leur pays", a poursuivi M. Perthes. Le 7 mars, la Banque centrale du Soudan a annoncé le flottement de la monnaie nationale. Au cours des trois semaines suivantes, la valeur de la livre soudanaise a chuté de plus de 45% par rapport au dollar américain, tandis que, dans le même temps, il y a eu des augmentations spectaculaires des prix du pain, du carburant, de l'électricité, des médicaments, des soins de santé et des transports publics, a-t-il noté. Volker Perthes a assuré toutefois qu'"une phase intensive" de pourparlers devrait commencer dans les deux prochaines semaines en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel et à un gouvernement dirigé par des civils habilité à diriger le pays pendant la période de transition. "Un consensus s'est dégagé sur de nombreuses questions en vue d'établir un gouvernement de technocrates", a affirmé Volker Perthes. Il a ajouté que les vastes consultations menées par l'ONU sur un processus politique – impliquant plus de 800 participants de toutes les régions du pays – ont trouvé un consensus "visible" sur de nombreuses questions, notamment sur la nécessité de mettre fin à la violence, d'établir un gouvernement technocratique et un organe de surveillance. Il y a également eu "un large accord sur la nécessité de reconsidérer le rôle, la taille et la composition du Conseil de souveraineté, qui devait fonctionner en tant que chef de l'Etat collectif pendant une période de transition de 39 mois, qui devait se terminer en novembre 2022". De plus, un consensus global s'est dégagé autour de la nécessité d'une armée professionnelle unifiée unique, de la mise en place d'entités judiciaires, des conditions d'élections crédibles et d'un processus constitutionnel inclusif. À l'avenir, a déclaré Volker Perthes, le Conseil de sécurité, l'ONU, l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dirigeront conjointement les efforts pour soutenir le processus politique du Soudan, en s'appuyant sur leurs forces respectives. L'intention est de faciliter un processus politique inclusif, contrôlé et dirigé par le Soudan. Une phase intensive de pourparlers devrait commencer dans les deux prochaines semaines en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel et d'un gouvernement dirigé par des civils habilité à diriger le Soudan pendant la période de transition, selon l'ONU. "Le temps n'est pas en faveur du Soudan", a encore averti l'émissaire, ajoutant que le pays pourrait manquer des milliards d'aide extérieure.