Les investissements directs français en Algérie sont insuffisants. Ils ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils devraient être compte tenu des relations commerciales et politiques entre les deux pays. C'est du moins l'avis du forum des chefs d'entreprise, partagé par M.Yves-Thibault de Silguy, délégué général aux affaires internationales Suez et président du comité Algérie, Medef France, ainsi que Pierre Mourlevat, chef de la mission économique de l'ambassade de France à Alger. Omar Ramdane, président du forum des chefs d'entreprise, intervenant à l'ouverture du colloque “Algérie ouverture du marché, tonicité de la croissance et politique volontariste de grands projets”, a bien résumé les caractéristiques des relations économiques entre les deux pays. “Je pense ne pas me tromper en affirmant que le marché algérien est le meilleur dans la région pour les entreprises françaises”, estime-t-il. Pour 2005, les données arrêtées à fin octobre confirment la position de premier fournisseur de l'Algérie. Elles indiquent un volume total des échanges algéro-français pour les dix mois de l'année de 7,47 milliards de dollars, en hausse de 13,6% par rapport à la même période 2004. Les importations algériennes de France se situent à 3,84 milliards de dollars en hausse de 12,2%. Les chiffres sont confirmés par M. Pierre Mourlevat qui prévoit à la fin de l'année 2005 un volume d'échanges de plus de 8,5 milliards d'euros. Depuis 20 ans, la France occupe 25% du marché algérien. “Cette structure des échanges ne nous convient pas”, déclare M. Réda Hamiani, vice-président du forum des chefs d'entreprise. C'est que les investissements productifs directs français ne suivent pas l'évolution fulgurante des échanges commerciaux. “nous attendons plus d'engagement de la part des entreprises françaises en matière d'investissement. Sur le long terme, des relations de partenariat plus denses et plus diversifiées entre nos entreprises nous apparaissent comme étant le meilleur moyen de consolider le niveau de nos échanges et de les développer. C'est aussi, et surtout, la voie la plus sûre pour donner corps à une coopération fructueuse et bénéfique entre nos deux pays”, souligne le président du forum des chefs d'entreprise. Les investissements français en Algérie ont augmenté de 60%, de 21 millions d'euros à 34 millions d'euros, indique Yves-Thibault de Silguy, le président du comité Algérie du Medef international. “Le montant est faible”, reconnaît-il. En matière de classement, l'Algérie est classée au 41e rang. “C'est trop loin”, regrette-t-il. Pour lui, “il faut trouver des déclencheurs pour permettre d'accroître les investissements directs français en Algérie”. Au reproche de frilosité des algériens vis-à-vis des entreprises françaises, celles-ci évoquent les complexités administratives, les difficultés d'accès au foncier et les faiblesses du système financier comme frein à l'investissement. Ces contraintes, de l'avis de certains opérateurs français, sont progressivement en train d'être levées. Le chef de la mission économique de l'ambassade de France affirme que la première tranche de reconversion de la dette en investissements des 61 millions d'euros a été consommée. Les dernières opérations ont concerné la Société Générale, à hauteur de 9,7 millions d'euros, dans le cadre de l'augmentation de son capital social, et 4 millions d'euros pour la fromagerie Bel, pour la construction d'une usine à Tizi Ouzou. La deuxième tranche pourrait être du même niveau, c'est-à-dire de 61 millions d'euros et pourrait être utilisée dans le cadre des projets de privatisation. M. R.