RESUME : Pour Fathma, Dieu a écouté ses prières. Elle n'a aucune compassion pour sa belle-fille. Samir ne lui dit rien de ce qu'il ressent. Il devine qu'elle pense déjà à le remarier. Ce malheur pourrait faire son bonheur. Samir refuse de l'emmener voir Mouna… Fathma ne lâche pas son fils. Elle prépare un bouillon de légumes et du foie grillé. Elle l'accompagnera à l'hôpital qu'il le veuille ou non. - Si je ne viens pas avec toi, je m'y rendrais en taxi. - C'est bon, j'accepte que tu viennes mais je te préviens que moralement, elle n'est pas bien, l'avertit Samir. Alors, garde pour toi les remarques ! - Je serai miel, réplique-t-elle en prenant le petit panier, prête à le suivre. - Ce serait la première fois. Samir retourne à l'hôpital, accompagné de sa mère. Ils ne sont pas les seuls à rendre visite à Mouna. Ses beaux-parents sont déjà arrivés. Ils lui ont aussi apporté un déjeuner complet. Mouna n'a pas un regard pour lui quand il entre. Sa mère lui fait la bise et lui propose de manger du foie tant qu'il est encore chaud. - Non, j'ai bien mangé, répond Mouna froidement. Quand es-tu venue ? - Hier soir. J'ai passé la nuit chez vous. Je vais m'occuper de mon fils durant ton absence. Je repartirai dès que tu sortiras d'ici, ajoute Fathma, pour rassurer sa belle-fille. Je te souhaite un prompt rétablissement. Samir remarque que sa mère a tenu sa promesse. Elle se comporte bien. Mais elle n'est pas aveugle. Mouna est si glaciale. - Samir, pourquoi restes-tu debout ? lui dit sa mère. Pourquoi ne t'assoies-tu pas ? - Je sors prendre l'air. - Mais reste ici. Vous avez certainement des choses à vous dire, insiste Fathma. Moi et tes beaux-parents sortons quelques minutes. - Je n'en vois pas l'utilité, dit Mouna en levant les yeux vers Samir. On n'a rien à se dire. D'ailleurs, je ne vois pas ce que vous faites ici. Tu n'as pas dû dormir de joie. Tu attendais ce moment avec impatience. Fathma se tourne vers son fils et lui dit : - Je n'ai rien fait pour la provoquer. Tu l'as bien vu, c'est elle qui a commencé. Je n'y suis pour rien dans ce qui est arrivé. Tout dépendait de la volonté de Dieu à la mener à bien. S'il en a décidé autrement, il faut l'accepter. - Tu es l'unique personne que cela arrange, réplique Mouna. Tu sais… tu es la dernière personne que je voudrais voir. Je veux rester seule. - Tu finiras ta vie seule. Mouna se bouche les oreilles et ferme les yeux. Samir prend sa mère par le bras et la prie de le suivre. Hadja Nouara les suit dans le couloir. - Samir, il ne faut pas lui en vouloir. Tu sais qu'elle ne va pas bien. C'est une période pénible pour chacun d'entre vous. Il faut être fort. Cela finira par passer. - Passer ? rétorque Fathma. Jamais ! Elle n'est pas unique sur terre. Je vais vite lui dénicher la perle rare. En plus, elle sera capable de lui donner de beaux enfants. - Ne l'écoute pas, dit Samir à sa belle-mère. J'adore Mouna. Il ne lâche pas sa mère. Il sait que s'il lui donne l'occasion, elle dirait encore plus de méchancetés. Ses propos allaient semer le doute en Mouna. Peut-être même qu'elle la croira. En installant ce mur entre eux, elle refusera de l'écouter. Elle ne veut pas de réconfort. Si elle acceptait de l'écouter, elle saurait que lui aussi souffre. L'unique enfant qu'il aurait voulu avoir, c'est avec elle. Il n'y aura jamais d'autre dans sa vie, même si sa mère fera tout pour cela. (À suivre) A. K.