RESUME : Au village, Fatia a fait la connaissance de Keltoum qui, tout comme elle, a choisi le célibat pour se consacrer à son garçon. Elles parlent des problèmes qu'elles rencontrent quotidiennement. Toutes deux espèrent que leur sacrifice ne sera pas vain. Mais Fatia ne se fait pas d'illusion. Quel gendre accepterait la présence d'une belle-mère ? Keltoum compte beaucoup sur son fils pour la sortir de la misère et du joug de sa famille. Elle place tant d'espoirs en lui que ce dernier craint l'avenir. Samir est son prénom. Il vit très mal le fait d'avoir été “rejeté” par son père. Ce dernier n'a pas tardé à refaire sa vie après le divorce. Samir compte trois demi-sœurs. Elles lui ressemblent beaucoup. Il les voit se rendre à l'école mais jamais il ne s'est approché d'elles. Comme sa mère se plaît à le lui répéter, ses sœurs sont celles qu'elle aurait mis au monde. Elle en veut tellement à son père de l'avoir mariée sans son consentement que pour le contrarier, elle refuse toutes les demandes en mariage. La vie qu'elle mène, en se consacrant à lui, n'est pas facile et parfois, il ressent de la lassitude. Le fait de savoir que ce qu'elle endure, c'est pour lui éviter de souffrir, l'ennuie beaucoup. Il a grandi, mangé à sa faim et n'a jamais manqué de rien. Seulement, il n'a pas pu rester sourd et aveugle face à ce qui se passait. Sa mère ne rate aucune occasion de se quereller. Il n'y a pas un jour qui passe sans qu'il entende des cris. Avant, il ne s'en mêlait pas, mais maintenant qu'il entend et comprend tout ce qui se dit, il lui en veut. Elle a souvent tort et elle refuse de l'admettre. - Elles ont réussi à te monter contre moi, ta propre mère ! lui crie-t-elle. Il ne manquait que ça. Si ça va mal à la maison, c'est parce que je refuse de refaire ma vie ! On me reproche de me consacrer à toi et, aujourd'hui, après quatorze ans de privations et d'humiliations, je découvre que j'ai fait tout ça pour rien ! - Pourquoi tu compliques tout ? Pourquoi tu ne fais aucun effort pour t'entendre avec eux ? - Je ne supporte pas qu'on me critique ! Surtout toi, mon fils ! Pour qui j'ai tout donné ! crie Keltoum. Comment peux-tu me parler de la sorte ? Je suis ta mère ! - Je sais ! Tu ne peux pas me le sortir de la tête ! Pourquoi tu ne refais pas ta vie ? lui demande Samir. - Pourquoi ? Mais tu es toute ma vie. - Je refuse de l'être ! crie l'adolescent. Va te marier et laisse-nous en paix ! Je peux me débrouiller sans toi. Vu ta façon d'être avec toute la famille, lui rappelle-t-il, ce ne pourra pas être pire ! Keltoum le gifle et elle regrette déjà son geste lorsqu'il se détourne et sort de la chambre. Elle sort dans la cour et tombe sur ses belles-sœurs. Elles échangent un regard, désapprouvant ce qui est arrivé. Elles ont tout entendu. Sa mère Safia, qui rentre du jardin, a bien vu Samir la joue en feu. Elle n'a pas besoin de chercher qui, elle sait déjà qui a pu lever la main sur lui. Elle voudrait rendre la pareille à Keltoum mais ses belles-filles interviennent à temps. - Tu n'as pas honte, frapper un jeune homme ! Tu l'humilies devant toute la famille ! - Inutile de la jouer ! Je sais que tu ne l'aimes même pas… - Comment pourrais-tu respecter le jeune homme qu'il est puisque tu ne respectes personne ! rétorque Safia. Si tu continues comme ça, il finira par prendre de la drogue ! Tu passeras la fin de ta vie dans les regrets ! Ce soir-là, Samir ne rentre pas. Il passe la nuit dehors, laissant toute la maisonnée inquiète. Tous ignorent où le trouver. Alors qu'il n'est pas très loin, caché dans un olivier… ADILA KATIA (à suivre)