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“L'essentiel est de garder sa liberté de résister”
Questionnements des spécialistes autour de l'angoisse
Publié dans Liberté le 20 - 11 - 2005

Qui d'entre nous n'a pas souffert ou ne souffre pas encore, suite à des évènements douloureux, comme une déception amoureuse, un divorce, une attaque terroriste et un tremblement de terre ou après de sérieuses interrogations sur notre passage et notre utilité sur terre ? Qui d'entre nous ne s'est pas aussi plaint de palpitations, de peur intense, de cette angoisse qui l'étreint parfois fortement au niveau thoracique et qui lui fait craindre la folie, voire la mort ? “L'angoisse n'est pas une maladie. C'est l'expression d'une souffrance qui a des causes plurielles, autant individuelles, familiales, sociales, identitaires, etc.” C'est le point de Mme Houria Salhi, pédopsychiatre et présidente de l'association ARPEIJ en charge des enfants et adolescents en difficulté, exprimé, hier, à l'ouverture du séminaire qui durera deux jours à l'Institut national de la santé publique (INSP).
Selon elle, l'ARPEIJ et les professionnels, à l'origine de la tenue de la manifestation, ne veulent pas faire de l'angoisse “une pathologie à éradiquer par des approches médicamenteuses ou trop instrumentales”, alors que l'angoisse possède une fonction définie : c'est un affect, un sentiment comme la colère, qui représente “le signal d'un malaise”. “Ce sont les causes de l'angoisse et non pas l'angoisse qu'il faut prévenir et traiter”, a-t-elle déclaré.
La présidente de l'ARPEIJ a néanmoins rappelé que l'angoisse peut-être “paralysante”, empêchant ainsi l'individu à penser. “Agir, c'est retirer la certitude à l'angoisse, c'est une façon de la maîtriser, d'où aussi l'organisation de ce colloque”, a confié Mme Salhi en faisant allusion à l'angoisse que les
thérapeutes ont eu à affronter au même titre que les autres Algériens, pendant les deux dernières décennies, “sans que l'on puisse dire qu'on l'a éradiquée”. Puis d'ajouter : “Je
remarque qu'à l'échelle mondiale, on est passé du soin, de l'écoute, de la thérapie, à une gestion économique des troubles. Je suis un peu révoltée par cette tendance. L'essentiel, c'est de garder sa liberté de penser et de résister.”
De son côté, Zineb Boussalah, psychiatre, a convenu que “tout le monde a de l'angoisse, mais tout le monde ne va pas la vivre de la même façon”. Autrement dit, lorsque l'angoisse prend des proportions inquiétantes, entraînant des “symptômes phobiques” par exemple et une souffrance chez une personne, cela voudra dire que cette dernière nécessite “l'intervention d'un professionnel”.
Pour cette spécialiste, il existe plusieurs approches dans le domaine de la thérapie, médicamenteuses et non médicamenteuses, qui s'intéressent au “comment se débarrasser de l'angoisse”.
Des approches contestées par l'approche psychanalytique qui, elle, au “pourquoi” mais pour chaque individu. “L'originalité de cette approche réside dans le fait que c'est dans l'histoire de chacun que la cause peut-être abordée et c'est par la parole de chacun, la recherche de la vérité, que le patient apprendra à y faire autrement que dans la souffrance”, a expliqué la jeune psychiatre. Celle-ci reste persuadée que l'angoisse a pour rôle de “remettre en question le rapport du sujet à son monde, c'est-à-dire à ses valeurs, ses désirs, ses croyances…”
HAfida Ameyar


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