Vendetta avec usage d'armes à feu, bagarre générale entre les membres de deux ou plusieurs familles à l'arme, déchirements et querelles familiaux, des actes ayant pour conséquence des morts, des blessés, des emprisonnés, des citations à comparaître devant les tribunaux, la naissance ou le ravivement de la haine entre les membres concernés par ces conflits qui ont pour origine un litige lié à la terre. S'agissant d'un héritage, d'une cession ou d'une propriété acquise à la suite du démembrement des exploitations agricoles collectives, la terre est considérée par les ruraux de la région des Beni Chougrane comme le plus précieux bien pour lequel ils sont prêts au pire des sacrifices, une mentalité héritée de leurs ancêtres et qui n'a pas évolué en dépit des changements opérés à tous les niveaux. En effet, en 2005, dans la daïra de Ghriss, un jeune n'a pas hésité à tuer son oncle, son cousin et la femme de son oncle avant de se donner la mort parce que son cousin avait emprunté un parcours situé sur leur terre. Au cours de la semaine dernière, c'est la paisible localité de Sidi Abdelmoumène située entre Mohammadia et Port-aux-poules qui est sortie de l'anonymat à la suite de douloureuses circonstances puisqu'elle a été le théâtre d'une bagarre générale qui a éclaté entre 9 membres de deux familles en conflit pour l'exploitation d'un lopin de terre. Les protagonistes ont utilisé tout un arsenal de guerre : couteaux, sabres, objets tranchants et gourdins. Sérieusement blessés, 5 d'entre eux ont été admis à l'hôpital et le bilan aurait été plus lourd sans l'intervention des gendarmes alertés par les voisins lesquels ne sont pas parvenus à les séparer. 4 des belligérants ont été placés sous mandat de dépôt et les 5 autres ont reçu des citations à comparaître devant le tribunal de Mohammadia. Ces deux cas traduisent l'état d'esprit qui anime les jeunes et les moins jeunes qui considèrent tout empiètement de leur terre comme une offense à laquelle ils répliquent par la violence. Plus de 500 affaires liées aux conflits de la terre sont en souffrance devant les tribunaux relevant de la wilaya de Mascara et autant ont été traitées au cours de l'année en cours encore que certains de ces litiges ne sont pas parties devant la justice car les protagonistes ne sont pas en mesure de présenter des documents qui justifient l'identité des propriétaires s'agissant d'héritage dont le partage ne s'est effectué qu'après consentement des descendants. Certaines superficies sont à l'état d'abandon faute de compromis entre les héritiers. Parfois, il s'agit de conflits fratricides auxquels sont mêlés les enfants, raisons pour lesquelles le problème s'éternise. A. B.