Les organisateurs du 1er congrès des agences de voyages arabes, qui s'est déroulé en Tunisie du 13 au 16 du mois en cours, prévoient une rencontre avec les opérateurs algériens les 3 et 4 février prochain à Alger et à Oran. Nos voisins ont compris depuis longtemps que le tourisme n'est pas à négliger tant il constitue une ressource capitale en devises. L'exemple de la Tunisie est édifiant en ce sens que le secteur est valorisé par les plus hautes autorités du pays. Il faut savoir qu'un fonds annuel de 20 millions de dollars est octroyé par l'Etat aux seules actions de promotion du tourisme. Une autre preuve de l'intérêt porté par ce pays à la chose touristique, un congrès des agences de voyages arabes, le premier du genre, y a été organisé du 13 au 16 janvier courant pour contrecarrer les effets du 11 septembre 2001 sur le tourisme dans le monde. L'initiative revient à une agence de voyages avec l'appui de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) qu'on pourrait assimiler à une chancellerie avec ses représentants dans certaines capitales étrangères. La Tunisie est l'un des pays qui voient dans le tourisme interarabe une alternative au recul enregistré dans ce domaine depuis cette date. Les destinations prisées par le touriste européen sont boudées et d'un autre côté, le touriste arabe est perçu comme un terroriste potentiel et souffre d'une montée de xénophobie. En même temps que la proposition d'un échange touristique entre les pays arabes, les organisateurs n'ont ménagé aucun effort durant ce congrès qui a réuni des agents de voyages algériens, tunisiens, libyens, égyptiens, soudanais, saoudiens et syriens, pour séduire ces clients potentiels et les inciter à choisir la destination Tunisie. Cette démarche procède de la préparation de la saison estivale à laquelle les opérateurs de ce pays pensent déjà. Ces derniers comptent drainer un flux important de touristes, notamment maghrébins. “Nous devons désormais donner plus de considération aux touristes algériens et marocains que nous ne considérions pas en tant que tels et nous les ferons bénéficier du même traitement que les occidentaux”, nous a-t-on dit en marge du congrès. Il y a lieu de savoir que durant l'année écoulée, pas moins de 700 000 Algériens ont visité la Tunisie. Les participants ont discuté de la politique à mettre en œuvre et ont décidé de travailler en relation les uns avec les autres afin de proposer un produit unifié et spécifique aux touristes des pays arabes, selon leur mode de vie, leur culture et leurs exigences. “Nous devons donner une assise à une politique pérenne de tourisme arabe, c'est notre aspiration et c'est là une première occasion pour en discuter”, a déclaré le directeur général de l'agence organisatrice qui a mis l'accent sur le fait que des instructions ont été données en haut lieu pour faciliter l'octroi du visa d'entrée en Tunisie. Différents aspects ont été évoqués par les congressistes tels que les tarifs des billets qu'ils estiment élevés donc non incitatifs, les douanes, le transport et les contrôles de police. Ceux-ci ont souhaité que des mesures d'assouplissement soient prises à différents niveaux afin d'attirer les touristes potentiels. La tenue du congrès a été couronnée par la création d'une ligue arabe des agences de voyages. Celle-ci, dont le bureau provisoire est basé à Tunis, représente un groupe d'intérêts pour la recherche d'un produit touristique intérieur commun. Parmi les objectifs de cette ligue, le développement du tourisme et de la formation des cadres du secteur et l'interpellation des ministres du Tourisme. Les organisateurs du congrès ont décidé de ne pas en rester là et ont préconisé des rencontres entre les professionnels. La première se tiendra les 3 et 4 février prochain à Alger et Oran. R. M. Les tour-operators algériens “Nous déplorons le désintérêt des pouvoirs publics” Faute d'une politique touristique favorable à l'essor de ce secteur dans notre pays, I'activité des opérateurs algériens se limite à la revente de billets de voyage et les plus chanceux ont versé dans le tourisme émetteur avec la vente de destinations étrangères à leurs compatriotes. Ceux-ci ont fini par désespérer de l'intérêt des pouvoirs publics à leur égard, puisqu'ils se sentent ignorés et même gênés comme l'affirment certains d'entre eux dans leur entreprise. En plus des blocages qu'ils disent rencontrer, ils se plaignent de faire souvent l'objet de campagnes de désinformation qui nuisent à leur activité. “Est-ce une raison de nous accuser d'escroquerie et de nous diaboliser parce que certains agents de voyages ont fait preuve de malhonnêteté ?”, se sont interrogés certains tour-operators que nous avons rencontrés lors du congrès. “C'est vrai qu'il y a des brebis galeuses, mais pourquoi généraliser”, ont-ils ajouté. Un des participants a carrément parlé de “barons du tourisme” qui, selon ses propos, bénéficient d'appuis financiers et n'hésitent pas à nuire au secteur. Il estime que “ceux qui travaillent sont discrédités aux yeux des citoyens qui sont des touristes potentiels” et considère que “les pouvoirs publics ne font rien pour nous aider, bien au contraire, alors qu'en Tunisie, les opérateurs touristiques obtiennent des crédits importants pour la réalisation de leurs projets”. D'autres ont déploré le fait que les énormes richesses que possède I'Algérie ne soient pas exploitées. “Par manque d'infrastructures hôtelières, nous sommes là pour acheter des destinations et non pour vendre le produit algérien”, nous ont-ils dit d'un air désolé. Selon certains, I'Algérie ne dispose que de 50 000 lits, les hôtels de fortune y compris et seuls 5 000 sont susceptibles d'être exportés. Hammamet 277 hectares pour respirer Hammamet est la dernière station touristique à être bâtie. Des hôtels haut de gamme occupent un espace estimé à 277 hectares et sont gérés par des chaînes hôtelières internationales, un système qui présente l'avantage de faire connaître ces hôtels appartenant à des Tunisiens. 14 000 employés y exercent actuellement. L'encadrement en fait la promotion en permanence, nous a-t-on dit, pour ces établissements qui proposent même des cures de thalassothérapie et différents sports. “Ces hôtels regroupent toutes les cultures du bassin méditerranéen”, a souligné M. Belhabib, directeur du tourisme intérieur et interarabe. Celui-ci a déclaré que 45 hôtels, l'équivalent de 19 500 lits, sont prévus à l'horizon 2006. Dans cette station distante de 70 km de Tunis, on y trouve un port de plaisance et des casinos. R. M. 300 agences pour la destination Tunisie 800 hôtels dont 35% sont classés 4 et 5 étoiles et 210 000 lits, c'est le patrimoine dont dispose la Tunisie en matière d'infrastructures hôtelières. Ce pays, qui reçoit chaque année 5 millions de touristes, investit sans cesse dans le secteur du tourisme grâce à une politique appuyée par le président tunisien lui-même, comme l'a souligné le directeur du tourisme intérieur et interarabe, M. Fathi Belhabib, qui nous a informés de l'existence d'un fonds de compétitivité financé par les hôteliers et les agents de voyages à hauteur de 1% de leur chiffre d'affaires. “Ce fonds est destiné, avec celui octroyé par l'Etat, à la promotion du produit touristique tunisien”, a-t-il indiqué. Quant au fonds de protection de l'environnement qui fonctionne grâce à un apport des hôteliers qui y versent 1% de leur chiffre d'affaires, il est consacré à l'embellissement de l'environnement immédiat des hôtels et des régions touristiques. En outre, 300 agences de voyages assurent la vente de la destination Tunisie. La stratégie de développement du secteur qui s'étend de 2002 à 2006 prévoit d'agrandir le parc hôtelier pour atteindre 260.000 lits et parvenir au chiffre de 6,5 millions de touristes. “Nous attendons plus d'investissements durant ces cinq années”, a affirmé M. Belhabib qui a mis l'accent sur cet aspect. Il faut dire que les industriels tunisiens et même des banques investissent beaucoup dans l'hôtellerie. La gestion est néanmoins confiée à des professionnels. Des groupes espagnols, italiens, français et allemands notamment, qui gèrent de grandes chaînes hôtelières partout dans le monde, ont obtenu le droit de jouissance. Mais le personnel est entièrement tunisien alors que les équipements des hôtels le sont à 95%. Ce qui permet à un million de Tunisiens de vivre du tourisme. “Nous continuerons à structurer ce secteur”, a souligné notre interlocuteur qui estime que les structures de formation dans ce domaine, qui compte 7 écoles touristiques et un institut, sont insuffisantes. R. M.