À la suite de la lettre de protestation qui leur a été adressée par le secrétaire général de l'UGTA, dans laquelle il a protesté contre les propos du représentant du FMI, Erik Devriger, qui préconisait un gel des salaires, le directeur du FMI a répondu à Sidi-Saïd dans une correspondance dont le contenu suit : Cher Monsieur Sidi-Saïd, Au nom de M. Rodrigo de Rato, directeur général du Fonds monétaire international, je vous remercie pour votre lettre du 23 octobre 2005. Il semble que l'objectif de la récente mission du FMI en Algérie et ses recommandations aient été mal compris. Il est donc regrettable que la réunion avec l'UGTA demandée par la mission n'ait pu être organisée. L'un des principaux mandats du FMI tel que stipulé dans ses statuts est de conseiller ses pays membres sur les politiques macroéconomiques qui favorisent la stabilité, réduisent la vulnérabilité aux crises et encouragent la croissance soutenue et un niveau de vie élevé. Le FMI s'acquitte de cette tâche à travers un processus de consultations qui implique des visites régulières dans ses 184 pays membres pour discuter des développements économiques avec les autorités, ainsi qu'avec les représentants du monde des affaires et de la société civile. Sur la base de ses consultations et de son expérience et analyse internationales, le FMI fournit alors aux autorités des recommandations en matière de politiques macroéconomiques. Ses recommandations concernent, également, les conséquences locales et internationales éventuelles des politiques nationales ainsi que les répercussions des développements dans d'autres pays ou régions sur les économies nationales. Les politiques de marché du travail sont souvent discutées dans ce contexte, puisqu'elles sont cruciales pour le maintien ou l'amélioration de la performance macroéconomique d'un pays. Dans l'intérêt de la transparence et avec l'accord des autorités, les opinions et analyses du FMI sont communiquées au public généralement à travers une conférence de presse ou la publication de ses rapports. Cela est fait dans l'intention d'informer et de contribuer au débat public, mais c'est au gouvernement de décider quelles politiques mettre en œuvre. Comme vous le savez, les défis principaux de l'Algérie sont d'améliorer les perspectives de croissance et de créer des emplois productifs pour sa population jeune et croissante dans un environnement de plus en plus ouvert. Dans ce contexte, la politique des salaires constitue un facteur clé. Il existe une marge pour une augmentation des salaires vu les performances de l'Algérie en matière de croissance. Cependant, si les salaires devaient augmenter trop rapidement, les coûts pour les entreprises algériennes augmenteraient aussi et elles ne seraient plus en mesure de créer des emplois et faire face à la concurrence étrangère qui résulte d'une plus grande ouverture. Cela, à son tour, conduirait à un chômage plus élevé, une croissance économique moindre et une dégradation du niveau de vie. Ayant ces préoccupations à l'esprit, les services du FMI ont recommandé que les augmentations des salaires réels soient liées au taux de croissance réel du PIB hors hydrocarbures. Je suis sûr que vous conviendrez qu'augmenter les salaires en phase avec la croissance économique ne signifie pas un gel des salaires puisque le PIB réel hors hydrocarbures augmenterait d'environ 5% en 2005 et 2006. J'espère que cette lettre a clarifié qu'en transmettant les opinions des services du FMI sur ces questions, M. Devrijer agissait d'une manière qui est conforme aux responsabilités du FMI et qui constitue une pratique usuelle à l'égard de tous les autres pays membres également. L'équipe des services du FMI, qui travaille sur l'Algérie, serait heureuse de discuter ces questions avec l'UGTA lors de sa prochaine visite à Alger et nous souhaitons qu'une telle réunion puisse avoir lieu. Un dialogue constructif avec l'UGTA — basé sur les échanges cordiaux que vous avez eus par le passé avec Messieurs Köhler et de Rato, les directeurs généraux précédent et actuel du FMI — renforcera la capacité du FMI à remplir au mieux son mandat en Algérie. Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, l'expression de mes salutations distinguées. Mohsin Saïd Khan Directeur Département Moyen-Orient et Asie centrale