Les déclarations des représentants du Fonds monétaire international (FMI), en visite à Alger la semaine dernière, ont suscité une vive réaction de la centrale syndicale. Après avoir exprimé sa position publiquement à travers les médias, l'UGTA a transmis une lettre de protestation, signée par Abdelmadjid Sidi Saïd, destinée au secrétaire général du FMI. Dans ce courrier transmis le 23 octobre dernier, l'UGTA a écrit : « A l'issue de son séjour en Algérie et lors d'une conférence de presse, un représentant du FMI, Erik de Vrijer, s'est permis d'interférer dans l'activité des partenaires sociaux en préconisant ‘‘l'adoption d'une politique salariale visant à préserver la compétitivité des entreprises face à la concurrence extérieure‘‘ » Il souligne que les salaires doivent être liés au taux de croissance hors hydrocarbures'', sorte de gel des salaires. Son intervention a constitué un argument aux employeurs pour amorcer des tentatives de maintenir les salaires au niveau où ils sont aujourd'hui. » L'UGTA a précisé dans sa lettre que « la question des salaires revêt une importance vitale pour toutes les organisations syndicales et la détermination de leur niveau ne peut souffrir de pressions ou interventions extérieures pour remettre en cause le droit à la négociation salariale en toute liberté entre les partenaires sociaux ». Pour ces raisons, le patron de la centrale syndicale a exprimé « la vive protestation » de son organisme contre ce qu'il a qualifié de « dépassement » d'un fonctionnaire relevant du FMI. Cette réaction est intervenue après celle du secrétaire national, Abdelkader Malki, chargé des relations publiques, selon lequel les propos du représentant du FMI « n'engagent que leurs auteurs », estimant plus loin que « la seule instance habilitée à s'exprimer sur l'augmentation ou non des salaires des Algériens est la tripartite ». Les déclarations d'Erik de Vrijer ont été très mal perçues par les organisations syndicales, mais également par le patronat, d'autant que sur cette question un consensus entre ces derniers et le gouvernement a été arraché. Elles sont intervenues au moment où la grogne autour des revendications socioprofessionnelles gagnait le monde du travail. Aujourd'hui, cinq syndicats des entreprises portuaires (Cnan, Douanes, dockers, Nashco et Entmv), auxquels s'est joint le syndicat des finances, se réuniront à Alger pour décider des actions à mener après l'expiration du délai accordé au secrétaire général de l'UGTA pour concrétiser la plateforme de revendications élaborée au mois de septembre dernier. Lors de la réunion d'aujourd'hui, il est également question de débattre de la situation qui prévaut au sein de l'union de wilaya, une structure qui aurait pu être utilisée pour servir de cadre aux revendications et au mouvement de protestation. Les graves problèmes qui tiraillent cette union ont fait que les syndicats d'Alger ont fini par fédérer et contourner ainsi la situation de blocage. Ce qui a poussé le premier responsable de la structure, à savoir Salah Djenouhat, à tenir une réunion, loin des regards de la presse, comme pour faire pression sur le secrétariat national. De nombreux syndicalistes ont qualifié cette sortie d'illégale et comptent donc faire état de leur préoccupation lors de la réunion de la coordination prévue aujourd'hui. Il est question aussi de déterminer la date pour une grève générale, seul moyen de pression pour aboutir à la prise en charge des revendications des travailleurs. Il est fort probable que d'autres syndicats viennent se joindre à cette coordination pour aller en force vers des actions de protestation.