Cédant à sa classe politique et à son opinion publique lasses de l'enlisement des GI's et marines en Irak et de la déconvenue de sa stratégie consistant à présenter l'éviction de Saddam et l'occupation de son pays comme le commencement d'un processus devant instaurer la démocratie du Maroc au Pakistan, Bush se déclare ce week-end en accord avec un plan de retrait graduel des troupes américaines à partir de 2006 proposé par un sénateur démocrate. Bush, qui ne perd pas le nord en dépit de la descente aux enfers de son audience, a même qualifié le plan de Joseph Biden, membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, de “remarquablement semblable” au sien ! Selon ce plan, quelque 50 000 soldats seraient rapatriés aux Etats-Unis d'ici à la fin 2006. Il prévoit de ne laisser en Irak ou à proximité qu'une petite force militaire américaine d'appoint, afin de pouvoir frapper des concentrations de séditieux si nécessaire. Il y a actuellement plus de 150 000 GI's et marines, sans compter un nombre presque identique en qualité de supplétifs privés intervenant dans l'approvisionnement de l'armée et assumant des tâches sécuritaires dans les lieux d'exploitation pétrolière. L'appel à un retrait immédiat d'Irak lancé plus tôt en novembre par le parlementaire démocrate John Murtha, une figure emblématique des vétérans du Vietnam et de la Corée, s'était attiré un ferme rejet du Pentagone et du vice-président Cheney qui ont essayé de transformer la polémique en faveur de Bush en accusant les partisans du retrait de lâches et d'anti-patriotes. Mais, même les sénateurs républicains ont fini par rejoindre la position des démocrates, les législatives les incitant à se rapprocher de leurs électeurs, quitte à se détourner de Bush. Le Sénat a même enjoint à Bush de faire de 2006 une période significative de transition vers une totale souveraineté irakienne, pour accélérer le retour des soldats américains. Des sénateurs ont estimé qu'un retrait graduel encouragerait les Irakiens à prendre davantage de responsabilités en matière de sécurité. “Je pense qu'un retrait aiderait vraiment les Irakiens à se rassembler et à être capables de construire leur pays”, a dit un sénateur démocrate sur la Channe ABC, ajoutant : “Tant que c'est vu comme une occupation américaine, cela aide les Zarqaoui et les autres à attirer des insurgés, à attirer des terroristes.” Des républicains avouent aujourd'hui que la présence militaire a empiré les choses en Irak ! L'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Z. Khalilzad, doit incessamment prendre langue avec Téhéran pour que l'Irak ne devienne pas un havre pour les terroristes, une fois les Américains partis. D. Bouatta