Bush a plaidé la patience auprès des Américains sceptiques sur le maintien des troupes en Irak, affirmant que les Etats-Unis étaient en train de gagner la guerre. Après le discours à la nation du président américain, même les démocrates, qui pourfendaient sa déconvenue, considèrent que les six prochains mois seront décisifs pour pacifier et unifier l'Irak post-Saddam. Le sénateur démocrate Joe Biden, membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, auparavant incendiaire à l'égard de Bush, estime qu'il ne lui reste plus qu'à mettre la pression sur les Irakiens sunnites pour trouver un compromis dans l'amendement à la Constitution irakienne, qui, à ses yeux, doit être réalisé d'ici quatre mois pour éviter la guerre civile évoquée de plus en plus ouvertement par de nombreux éditorialistes américains. En effet, après le succès des législatives, il s'agit aujourd'hui d'élargir la base de la consultation aux sunnites. Minoritaires et accusés soit de fidélité à l'égard du Baas de l'ex-dictateur de Bagdad, soit de connivence avec le terrorisme islamiste, les sunnites sont marginalisés dans le schéma du nouvel Irak. Dans son discours télévisé, Bush est resté muet sur le processus politique en cours en Irak et n'a pas évoqué la révision de la Constitution irakienne pourtant suggérée la veille de son adoption par référendum, pour justement laisser la porte ouverte aux sunnites. Devant une opinion publique de plus en plus impatiente de voir rentrer les Marines et Gi's engagés en Irak, le président américain a surtout admis, chose rare chez lui, que cette guerre était difficile et controversée, qu'elle avait débouché sur des souffrances et des pertes. Côté américain, le chiffre des victimes, comptabilisé par le Pentagone, s'élevait au moment de l'allocution de Bush à 2 156 soldats, un chiffre diffusé presque chaque jour dans les pages du Washington Post, qui publie aussi régulièrement les photos des disparus. Si Washington pense que la victoire définitive est proche, tout au plus dans six à neuf mois, un rapport indépendant s'interroge sur cette certitude, relevant que l'insurrection irakienne, qui comprend des nationalistes, des membres de l'ancien régime de Saddam Hussein et des combattants islamistes irakiens et étrangers, n'a pas encore montré de signe d'affaiblissement 33 mois après l'invasion américaine. Les républicains, pour leur part, sont inquiets face à la grogne de leurs électeurs qu'ils vont solliciter en novembre prochain. D. Bouatta