Elle est née dans la cité historique et mémoire, La Casbah. À 38 ans, Louisa a connu tous les malheurs. Des moments de bonheur aussi, malgré elle. À 20 ans, alors que les filles de son âge songent au prince charmant, elle se retrouve à la rue, jetée par un père qui n'a d'oreilles que pour sa deuxième femme. La descente aux enfers commence par cette nuit où Louisa fait la connaissance d'un jeune homme qui la présente à ses copains. Un groupe de toxicomanes qui l'entraînent vers une planque où les secrets peuvent se raconter sans crainte d'être divulgués. C'est au cimetière de Sidi Yahia qu'elle passera dix jours complètement nue en subissant le supplice d'une bande d'assaillants. Durant cinq ans, elle vit parmi les délinquants, adoptant leur mode de vie. Un beau jour, croyant trouver un protecteur, elle se laisse aimer par un macho. Une union de laquelle naît un garçon. Le bonhomme la laisse tomber mais comme la vie dans la rue a ses “règles”, elle donnera naissance à une fille trois années plus tard. Ces deux enfants sont scolarisés (4e et 1re années). Entre-temps la maman quitte le milieu pourri pour faire des petits boulots et loue une pièce chez une particulière pour 1 800 DA par mois. Aujourd'hui, lasse, rejetée par son père, ses deux frères et sa mère qui l'a quittée alors qu'elle n'avait que 4 ans, Louisa ne demande rien d'autre qu'un petit toit, quelques mètres carrés. Elle ne refuse aucun boulot pourvu qu'elle arrive à subvenir aux besoins de ses enfants qu'elle souhaite voir aller le plus loin possible dans les études. Elle attend un geste du ministre de l'Emploi et de la Solidarité, tout comme une offre de travail d'une âme charitable. Versant de chaudes larmes, Louisa ne veut surtout pas retourner dans l'enfer qu'elle a connu. leur immeuble. A. F.