Boubekeur Benbouzid renvoie les enseignants à la Fonction publique où leur projet de statut spécifique attend toujours une réponse. Le ministre de l'Education nationale s'est également exprimé sur la problématique de l'agrément des syndicats, en renvoyant cette responsabilité sur le département du Travail et de la Sécurité sociale. C'est à travers la presse que le ministre de l'éducation nationale a appris que les établissements scolaires risquent d'être fermés les 15 et 16 janvier prochain, suite à une menace de grève de six syndicats autonomes et appartenant à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le CLA (Conseil des lycées d'Alger), le Cnapest (Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), le Satef (Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation et de la formation), l'UNPEF (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation), le SNTE (Syndicat national des travailleurs de l'éducation) ainsi que le Sete (Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation, affilié à l'UGTA). Intervenu, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, Boubekeur Benbouzid a signifié une fin de non-recevoir aux syndicalistes, estimant que leurs revendications le dépassent. À la question relative à l'augmentation des salaires, il a endossé la totale responsabilité à la Fonction publique où le statut spécifique des enseignants languit depuis belle lurette. Au cours du dernier Ramadhan, le ministre avait laissé profiler quelque espoir en annonçant que ce statut sera bientôt promulgué. Les dernières grèves, ayant paralysé le secteur, remontent à l'automne 2003. Elles étaient organisées à l'initiative du CLA et du Cnapest. Outre la revalorisation des traitements, les deux syndicats avaient milité pour la reconnaissance de leur existence. “L'agrément relève de la responsabilité du ministère du Travail”, a rectifié M. Benbouzid hier. D'un abord très conciliant, le représentant du gouvernement a soutenu que les portes de son ministère sont ouvertes et qu'il a eu déjà à recevoir les représentants des syndicats autonomes, mais à titre personnel. Néanmoins, si la contestation des enseignants est dans le feu de l'actualité, M. Benbouzid, pour sa part, a mis à profit son passage à la radio pour faire l'inventaire des actions de la réforme menées jusque-là. “Nous allons nous employer à travers un système d'évaluation à nous corriger continuellement”, stipule le ministre, précisant à l'occasion que les programmes seront changés en fonction de leur rendement. Si la qualité de l'enseignement est actuellement son défi, le ministre de l'éducation n'en a pas fini cependant avec les problèmes de disponibilité des outils et des supports didactiques. L'exemple des manuels scolaires est édifiant. Des milliers d'enfants de couches défavorisées en sont privés. Pour réparer cette injustice, le ministère, en accord avec le gouvernement, compte spécifier l'usage de la prime de scolarité — accordée à trois millions d'élèves — en la réservant à l'achat des livres. “Le problème des trousseaux ne se pose pas, car il y a beaucoup d'organismes de solidarité, et le ministère de tutelle se charge de leur distribution”, souligne M. Benbouzid. De son côté, il prend l'engagement de doter tous les établissements de l'outil informatique. “Tous les lycées en disposeront avant la fin de l'année”, promet son premier responsable. Sur un autre chapitre, il est revenu sur le sort des écoles privées, un sujet qui fait débat depuis presque une année. Les dernières statistiques font valoir que 70 établissements ont obtenu leur agrément alors que 17 ont été déboutés. Selon le rapport établi par une commission d'inspecteurs déployée sur le terrain, une cinquantaine d'institutions continuent à fonctionner dans l'illégalité. Selon le ministre, elles sont implantées à Alger et à Tizi Ouzou. “Elles seront fermées dans le cadre de la loi”, avertit M. Benbouzid qui martèle que “la loi sera appliquée avec toute la froideur qu'elle requiert”. SAMIA LOKMANE