Hier, au tribunal d'Es-Seddikia d'Oran, s'est déroulé le procès très attendu d'un réseau de trafic de drogue ayant des ramifications jusqu'en Espagne. 12 inculpés en tout, dont 10 sous mandat de dépôt et 2 sous contrôle judiciaire depuis le 26 juin 2002, étaient présents dans la salle d'audience pour répondre aux chefs d'accusation de trafic de drogue et corruption. D'autres inculpés sont toujours en fuite. Pour les 12 inculpés, le procureur a requis des peines de 20, 15 et 10 ans de prison, assorties d'amendes allant de 5 000 à 20 000 DA. Mais cette affaire se distingue tout d'abord par la quantité de drogue (865 kg) qui avait été découverte, le 26 juin 2002, dissimulée dans les roues d'un semi-remorque en partance pour Alicante, via le port d'Oran. La valeur de la drogue avait été estimée à quelque 18 milliards de centimes. L'autre fait important dans cette affaire digne des séries américaines, c'est que ce réseau était dirigé par un certain G. Fethi qui se trouvait incarcéré à la prison de Mascara pour une banale affaire de fausse identité. C'est, semble-t-il, de sa prison qu'il gérait “ses affaires”. Son évasion a même été organisée, lors d'un transfert au tribunal d'Es-Sénia à Oran. Cet individu, contre lequel ont été requis 40 ans de prison, est aujourd'hui en fuite. Ce sont plusieurs membres de son réseau, parmi lesquels figurent des proches, son père, son frère et son oncle, ainsi qu'un douanier, un agent de l'APC, chauffeur de son état, et un agent de police affecté au service des déclarations des pertes, un importateur, etc., qui ont donc comparu hier. L'enquête révélera que ce réseau, fort bien organisé et qui n'en était pas à son premier convoi, se procurait au Maroc la drogue qu'il acheminait vers Oran, puis l'expédiait vers l'Espagne et la France. Avant les débats, les avocats du douanier et de l'agent de police ont réclamé l'annulation de l'arrêt de renvoi pour leurs clients, arguant du fait que les seuls chefs d'inculpation les concernant ne pouvaient être que ceux de corruption et faux et usage de faux, non pas de trafic de drogue. Durant les débats, la juge reprendra le contenu de l'arrêt de renvoi pour établir les liens entre les différents inculpés. Cela permettra de mettre en relief que le chauffeur-convoyeur du semi-remorque en était à son troisième voyage entre l'Algérie et l'Espagne pour le compte d'un certain C. Mohamed, en relation avec un importateur. Ce chauffeur niera être au courant qu'il y avait de la drogue dans le camion et qu'il recevait 200 euros pour chaque passage. En Espagne, se sont des proches de C. Mohamed qui se chargeaient de récupérer le véhicule et donc la drogue. Le douanier devait, selon l'enquête, faciliter le passage des véhicules. Il niera être impliqué dans cette affaire. Pourtant, le 26 juin, il reconnaîtra être présent lors de la fouille du semi-remorque à la demande de l'importateur, alors qu'il n'était pas de service ce jour-là. Il affirmera qu'il avait lui-même demandé la fouille du véhicule. La juge s'étonnera que celui-ci puisse acheter une Megane auprès de l'importateur pour une somme dépassant les 2 millions de DA et que, par conséquent, “il était en affaire avec lui”. Les débats prirent une tournure intéressante lors de l'interrogatoire des proches du chef du réseau. Son père, maçon de son état, dira n'être au courant de rien des activités de son fils, alors qu'il est propriétaire de 3 luxueuses villas à Oran et de commerces. Ce n'est qu'au milieu de l'après-midi que les plaidoiries ont été entamées. F. B.