Enfin, un communiqué presque explicite sur l'état de santé du président de la République ! On croyait que le fonctionnement, qui consiste à dissimuler tout ce qui concerne les responsables et le sérail, allait être abandonné sur l'autel de la transparence, puisque la démocratie tant alléguée aurait mis fin à la minorisation du citoyen inhérente aux dictatures. Il n'en est donc rien : la santé d'un chef d'état ou d'un ministre est toujours, au mieux, une affaire privée, au pire, un secret d'état. Depuis le temps que le système veut faire semblant d'évoluer, ses animateurs auraient tout de même pu concevoir un protocole de communication applicable quand les circonstances soulèvent des questions d'état intéressant le peuple. à l'évidence, le régime, ses institutions et ses dirigeants n'y ont même pas songé. Des confrères ont déjà épilogué, cette fois-ci comme en d'autres occasions, sur l'indigence de la communication officielle. De communiqué laconique en déclaration lapidaire, entrecoupés de longs silences, certains émetteurs font ce qu'ils peuvent quand la pression de la demande et la gêne les acculent à s'exprimer. Quand Daho Ould Kablia s'adressait, avant-hier, à l'APS pour donner des “précisions” sur l'état de santé du ministre de l'Intérieur, Zerhouni, il précisait en même temps qu'il le faisait à la suite de la persistance de rumeurs cruelles “sur la santé du ministre d'état”. à moins de renier aux Algériens le droit de s'intéresser à la santé de ceux qui les gouvernent, on peut aisément retourner le constat : c'est la rétention maladive de l'information concernant les dirigeants qui est à l'origine de la rumeur. L'information est, en effet, l'unique antidote contre la rumeur, qu'elle soit bien-pensante ou malintentionnée. Mais le sérail n'a culturellement pas accédé à la nécessité informationnelle. De sorte qu'il ne s'est visiblement jamais interrogé sur ce qui doit se dire ni sur qui doit le dire. Le moindre événement le déstabilise dans son expression. A fortiori, celui qui porte sur la plus haute institution de l'état, qui justement constituait, peut-être, l'ultime recours au bricolage communicationnel. Ainsi, nous eûmes droit à un communiqué de la présidence dès que le chef de l'état fut évacué. Cette diligence a surpris. Cette marque d'attention officielle inédite envers l'opinion publique a créé une attente inhabituelle de nouvelles. Quand la suite se fit attendre, la déception ne tarda pas et la débrouille fit appel à l'informel et à la rumeur. Entre une déclaration du Quai d'Orsay et un mot de Chirac, l'ambassade fit irruption dans le monde de la communication, le temps d'un unique point de presse, trois jours après l'hospitalisation de Bouteflika. Dans le contexte global de huis clos, Belkhadem et Ouyahia par deux fois, se sont tour à tour voulus rassurants, mais sans convaincre. En toute chose, le bricolage entame le crédit de l'entreprise. Et une leçon de perdue. M. H.