Alors que pleuvent les révélations de médias européens sur l'utilisation de pays par la CIA comme escales dans des transferts de présumés terroristes vers des camps d'interrogatoires secrets en Europe centrale, au Moyen-Orient et même, à en croire la chaîne ABC, dans un pays de l'Afrique du Nord, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, ne trouve pas mieux que de rappeler aux dirigeants de l'UE leurs obligations d'alliés. Le chef de la diplomatie américaine a entamé, hier à Berlin, sa tournée européenne, qui doit la conduire aussi en Roumanie, en Ukraine et à une réunion de l'OTAN à Bruxelles. D'ores et déjà, elle a répondu à la lettre que lui a adressée son homologue britannique Jack Straw, au nom de la présidence tournante de l'UE, concernant la controverse provoquée par les activités secrètes de la CIA sur le Vieux-Continent. A ses yeux, tout cela n'est que rumeurs et propagandes pour ternir l'image de son pays. Mais face au roulis des révélations et des interrogations suscitées par cette affaire, Mme Rice va rappeler aux Européens leurs obligations à l'égard des Etats-Unis, obligations qui devraient primer sur la controverse sur la légalité des activités de la CIA en Europe. Par ailleurs, la proche collaboratrice de Bush ne manquera pas de mettre en garde ses interlocuteurs contre tout relâchement dans la guerre contre le terrorisme. Selon elle, les responsables européens se doivent de rappeler à leurs opinions publiques qu'ils ont pour obligation de protéger leurs populations et que, pour ce faire, ils doivent se mettre derrière le panache américain. Mme Rice ne s'est pas empêchée de laisser percer son amertume envers certains pays européens qui devraient, selon elle, montrer davantage de compréhension : les Etats-Unis sont un pays ami de la plupart de ces pays et dans tous les cas concernés, nous sommes alliés pas seulement dans la guerre contre le terrorisme mais parfois depuis la Guerre froide et même avant, a-t-elle tenu à rafraîchir la mémoire de ceux qui auraient oublié qu'ils doivent tout au parapluie et à la manne américaine. Condoleezza Rice a refusé de commenter les informations faisant état de prisons secrètes en Europe, arguant le fait qu'elles correspondaient à des informations classées top-secret. Pour elle, pas question que son pays déclassifie ce type d'informations pour rassurer les opinions publiques européennes ! Washington reste convaincue que la CIA sauve des vies et qu'il ne faut compromettre aucune de ses activités. D. Bouatta