L'action de protestation, initiée le 5 décembre dernier par la Coordination syndicale de l'UGTA à la zone portuaire d'Alger, et massivement suivie par les travailleurs du port, semble précipiter les démarcations au sein de l'organisation syndicale. Pour preuve, la Fédération nationale des travailleurs des finances (FNTF) affiliée à l'UGTA, s'est réunie hier avec les 23 syndicats nationaux et d'entreprises de son secteur, pour annoncer son soutien au syndicaliste des douanes, Ahmed Badaoui, relevé récemment de ses fonctions par Sid-Ali Lebib. “La décision du DG des douanes est en violation avec la loi 90-14 et les statuts de l'organisation”, a déclaré le responsable de la FNTF, M. Zouaoui. Ce dernier a aussi rappelé que le cas de Badaoui, “membre de la direction nationale” de l'UGTA est “entre les mains de Sidi-Saïd”, le patron de la Centrale syndicale. Selon lui, le problème sera réglé très bientôt, car “il y va de la crédibilité de l'organisation”. “Badaoui a été élu au poste de SG du syndicat d'entreprise des douanes jusqu'à la prochaine conférence nationale”, a-t-il soutenu. S'appuyant sur les textes de l'UGTA, il a également souligné que ce n'est pas aux sections syndicales, dépendant “organiquement” de l'union de wilaya, de se défaire d'un SG de syndicat d'entreprise. M. Zouaoui n'a pas caché son irritation devant cette “situation anormale et grave”, celle de vouloir exclure des syndicalistes : “Si on touche à un SG d'un syndicat d'entreprise, c'est la fédération qui est touchée.” Au cours de la rencontre qui s'est tenue au cercle des finances d'Alger, les cadres syndicaux du secteur se sont succédé pour constater les menaces qui pèsent parfois sur leur société et le poids des problèmes socioprofessionnels dans les banques, les assurances, les douanes, etc. D'aucuns ont dénoncé la gestion organique de l'UGTA et même les “interférences” de hauts responsables de l'organisation, qui auraient appuyé le “licenciement” de syndicalistes ou créé des problèmes avec leur administration. Cette gestion semble, de leur avis, leur porter préjudice auprès de l'employeur et les discréditer auprès des salariés, en raison surtout du “non-renouvellement” des mandats syndicaux depuis 2 ou 3 ans, alors qu'ils n'ont eu de cesse de le réclamer. Ces accusations mettent en cause notamment Salah Djenouhat, secrétaire national chargé de l'organique, également secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger. “Il y a des gens qui ont peur de la nouvelle stratégie de l'organisation”, a répliqué M. Zouaoui, en admettant que la sanction prise à l'encontre d'Ahmed Badaoui a été décidée avec “l'aval de certains membres de l'UGTA”. Au tour de M. Badaoui de rappeler que “la question de la solidarité est consacrée comme fondement dans des statuts de l'UGTA”. Il a déploré la réaction tardive du secteur des finances vis-à-vis de son cas, “alors que des syndicalistes des autres secteurs et des syndicats étrangers ont affiché dès le début leur solidarité, par leur présence ou leurs messages de soutien”. Il a, en outre, fait part du cas des 2 syndicalistes de Touring voyages Algérie, membres de la Coordination syndicale, suspendus de leur fonction le 3 décembre dernier, pour les mêmes motifs que lui. “En 1982, l'article 120 a affaibli l'UGTA, nous assistons aujourd'hui au même scénario : on veut enlever les fédérations”, lui a répondu M. Zouaoui. Hafida Ameyar