Jusqu'à présent, les arbitrages politiques n'ont pas été rendus sur ce phénomène qui a pris de l'ampleur. Des banques publiques enregistrent un volume important de créances douteuses sur le secteur privé (prêts accordés, qui ne sont pas remboursés, ou posent des problèmes de remboursement). “C'est un problème nouveau qui prend une ampleur importante et qui pose un problème politique lourd pour le gouvernement », explique une source bancaire sûre. Pourquoi ? Avant, les créances étaient essentiellement détenues par le secteur public. L'état les prenait en charge au nom des impératifs de politique industrielle et/ou de politique sociale. Aujourd'hui, ces arguments ne tiennent pas pour la prise en charge des créances douteuses sur le secteur privé. C'est un phénomène nouveau. Sur ce point précis, les arbitrages politiques, n'ont pas été rendus, souligne la même source. Dans une communication au forum d'El Moudjahid, M. Lachemi Siagh, premier responsable de Strategica, avait indiqué récemment que les créances non performantes ( ne produisent pas d'intérêt, pas de remboursement des échéances) des banques publiques sont estimées entre 3 et 4 milliards de dollars. Ce qui rend la recapitalisation des banques inéluctable. Le nouvel argentier du pays, avait reconnu par la suite, que les banques avaient des problèmes de créances non performantes et sur le secteur public et sur le secteur privé. Avant d'annoncer que la recapitalisation des banques publiques interviendrait avant la fin de l'année. Un communiqué des services du gouvernement allait après préciser que cette augmentation du capital des banques était décidée pour permettre à ces dernières de mettre plus de fonds à la disposition de l'investissement. Plus tard, le ministre délégué chargé de la Réforme financière allait nier une telle réalité. “ “Ce n'est pas pour des raisons de résultats négatifs des banques que le gouvernement a décidé cette recapitalisation mais, pour que des liquidités bancaires plus importantes soient affectées à l'investissement. Résultat, si ces créances douteuses ne sont pas traitées, si un arbitrage politique n'est pas rendu concernant les créances non performantes sur le secteur privé, il est illusoire de s'attendre à une reprise des banques touchées par ce phénomène par des partenaires étrangers. Il s'ensuit que la privatisation des trois banques publiques posera problème, si les pouvoirs publics continuent à tergiverser sur le traitement des créances douteuses. Dans ce registre, n'oublions pas que la réforme bancaire prévoit la création d'une banque hôpital, en vue d'isoler ces créances et d'assainir ainsi la situation des banques touchées par le phénomène des créances douteuses. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics restent muets sur la question. En attendant, les banques évoluent dans le flou. Un malaise s'est installé. Ce qui a aujourd'hui pour conséquence de réduire l'apport de ces banques à la croissance de l'investissement créateur d'emplois et de richesses en Algérie. N. Ryad