Résumé de la 4e partie n Herschel pense qu'avec la découverte des empreintes digitales, plus aucun criminel ne pourra échapper aux poursuites. Pour le jeune officier – il a quarante-quatre ans en 1877 –, il est temps de proposer sa découverte à l'administration pénitentiaire du Bengale où il travaille. Dans son bureau, il dicte une lettre où il voudrait mettre toute sa foi dans ce qu'il appelle son invention. «J'ai l'honneur, dit-il, de vous soumettre ci-joint, une étude sur une nouvelle méthode d'identification. Elle consiste à prendre l'empreinte de l'index et du majeur de la main droite (pour en simplifier l'application, on se limitera à ces deux empreintes seulement) de la façon dont on appose un cachet. On utilise l'encre à tampon ordinaire… Ce procédé est aussi facile que l'apposition de n'importe quel cachet. J'en ai fait l'expérience avec des détenus, avec des personnes se présentant au bureau de l'état civil ou lors du paiement des pensions et, depuis des mois, je n'ai pas eu à me plaindre du moindre inconvénient. Chaque personne à Hooghly (son district) qui dépose actuellement une demande en vue d'obtenir un document officiel, est obligée de fournir ses empreintes digitales. Jusqu'à présent, nul n'a protesté contre cette règle. Je crois que si l'on décidait d'appliquer partout ma méthode, on mettrait fin, une fois pour toutes, aux falsifications d'identité… Depuis vingt ans, j'ai établi des milliers de fiches, portant des empreintes digitales, sur la base desquelles je suis actuellement en mesure d'identifier chaque individu…» En dictant sa lettre, Herschel a, devant lui, des dizaines de carnets, renfermant des centaines d'empreintes digitales. Il les a toutes étudiées et aucune, mais alors aucune, ne ressemble à une autre. Même si, en apparence, toutes se ressemblent, chacune a un détail qui la distingue des autres : une spirale, une boucle, un arc… «Je crois inutile de m'attarder sur les avantages que présente l'identification des criminels. L'empreinte digitale constitue un moyen infaillible qui, chaque fois, permettra de déceler toute imposture et d'établir si le détenu et l'homme condamné par les juges sont une seule et même personne. il suffira d'appeler le prisonnier et de prendre ses empreintes. En cas de supercherie, la vérité se fera jour immédiatement. Et si le prisonnier ne répond pas à l'appel, s'il est décédé et son corps enseveli, son cadavre, lui, possédera deux doigts qui donneront la réponse à la question». Et de rappeler l'affaire de l'héritage Tichborne… Et Herschel de finir sa lettre. «Voudriez-vous avoir la bonté de considérer ce problème avec toute la bienveillance qu'il mérite et de m'accorder l'autorisation de faire appliquer ma méthode dans d'autres prisons ? Permettez-moi d'attirer votre attention sur les empreintes que vous trouverez sous ce pli. Votre dévoué, W. Herschel» (cité par J. Thorneval) Herschel est tellement confiant dans son invention, qu'il ne doute pas, un moment, que l'administration du Bengale allait l'adopter et saluer, en lui, un inventaire génial, bienfaiteur de l'humanité. Hélas… Dix jours après l'envoi de sa lettre, il reçoit de l'inspecteur général des prisons du Bengale une réponse. L'inspecteur lui témoigne de son amitié et de son dévouement, mais il trouve que ses propositions pour une nouvelle méthode d'identification des criminels est incohérente. Herschel a dû agir, poussé par la fièvre, une fièvre dont il souffre depuis sa venue aux Indes.