Ayant assez supporté, disent-ils, de travailler dans des conditions des plus déplorables, et constatant que le mépris des autorités concernées s'agrandit chaque jour un peu plus, et ce, notamment après les suites faites d'intimidations, de questionnaires et d'autres manœuvres dilatoires, qui leur ont été réservées après avoir déposé, auprès d'elle, une plate-forme de revendications, le personnel médical de la clinique Sbihi de Tizi Ouzou a décidé, comme ultime moyen pour se faire entendre, de mettre en exécution, depuis hier, la menace de grève illimitée, brandie déjà depuis quelques jours. Seul un service minimum est assuré. Des sit-in d'une heure se tiennent déjà chaque matin par le personnel, depuis le 6 décembre dernier, à l'entrée de cette clinique qui ne cesse de décevoir, outre les travailleurs, les nombreuses patientes qui viennent des trois wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès et Bouira. Pour la première journée d'hier, le suivi de la grève était total, mais le personnel ne semble guère se réjouir. “Si nous avons décidé de recourir à la grève, c'est parce que le malaise au sein de cette clinique est très profond et les problèmes sont aussi nombreux que compliqués”, nous dira un médecin spécialiste rencontré sur place. Le personnel médical, qui réclamait déjà depuis plusieurs années l'extension de cette clinique dont le taux d'occupation avoisine les 160%, assiste impuissant au contraire, c'est-à-dire à la réduction de leur espace. Pour cause, l'administration de la clinique, installée par le passé à la rue de la Paix, vient de déménager, avec un effectif dépassant 70 personnes, pour occuper un espace dans l'enceinte de la clinique. “Aujourd'hui, c'est une anarchie totale qui règne au sein de la clinique”, disent à l'unanimité les médecins et autre personnel. “Le mélange de l'administration avec le médical engendre beaucoup de désagréments”, ajoutent-ils citant au passage la circulation ininterrompue qui se répercute sur la prise en charge des malades, l'occupation permanente de l'espace de stationnement de la clinique qui ne facilite pas le déplacement des malades et de nombreux autres exemples. Selon les médecins, le malaise de la clinique Sbihi ne se limite pas à cela. “Aujourd'hui, on opère dans le risque et l'incertitude. En début d'été, nous sommes même contraints d'arrêter les consultations à cause de l'absence de la climatisation. La salle d'accouchement est très exiguë et ne répond plus aux normes. Les malades s'entassent deux par lit et parfois à même le sol. Nous ne disposons pas de moyens suffisants de réanimation, ajoutant à cela le manque de médicaments et de consommables ainsi que d'hygiène et d'accueil”, ont-ils relevé dans leur plate-forme de revendication. À ces problèmes d'ordre purement professionnel, s'ajoutent également ceux d'ordre socioprofessionnel tels que les primes d'encadrement non perçues depuis 2002, les primes de garde des médecins et les logements d'astreinte. S. Leslous