Le conseil national du secteur des communes affilié au Snapap a décidé de recourir, encore une fois, à la protestation en reconduisant la grève de trois jours les 26, 27 et 28 avril. Les initiateurs de ce débrayage, qui ont tenu une réunion hier à la maison des syndicats autonomes, ont baptisé leur nouvelle action : « Pour exiger le rattrapage du pouvoir d'achat et des réponses concrètes aux revendications des travailleurs ». Tout en faisant une évaluation positive de la grève observée les 30 et 31 mars dernier, le conseil des communes a condamné les agissements « irresponsables » des pouvoirs publics et les moyens de pression exercés sur les travailleurs pour casser leur grève. Preuve à l'appui, le syndicat a fait part des intimidations de l'administration, des menaces de ponction sur salaires, des pressions et de mises en demeure à l'encontre des syndicalistes à Oran, Rouiba, et Baba Hacène, à Alger. Ali Yahia, porte-parole du syndicat, a regretté lors d'une conférence de presse la saisine de la justice pour réprimer une action pacifique. « Les pouvoirs publics ont préféré la voie de la répression à celle du dialogue », a fulminé le conférencier. Le syndicat qualifie le mépris affiché par le pouvoir à l'égard des travailleurs communaux et leur marginalisation en termes de classification dans la nouvelle grille des salaires et de régimes indemnitaires, d'atteinte à leur dignité et à leur statut. « Nous avons dénoncé la précarité de nos emplois. Les agents exerçant dans le cadre du filet social, préemploi, de la contractualisation et ceux de l'emploi de jeunes perçoivent un salaire dérisoire et travaillent dans des conditions lamentables », a pesté Ali Yahia, qui fera remarquer que les pouvoirs publics sont au courant de cette situation, malheureusement, ils n'ont apporté aucune réponse concrète à leurs revendications pour l'amélioration du pouvoir d'achat, des conditions et des relations de travail. La valorisation des emplois et l'élaboration d'un répertoire de 344 métiers ne réussiront pas dans le cadre d'un régime de contractualisation, car la précarité de l'emploi, de l'avis du syndicaliste, n'encourage pas le développement des métiers. En outre, le conseil national dit avoir pris acte de la réponse donnée par le ministère de l'Intérieur à son mouvement de grève par le biais d'un communiqué adressé aux walis en date du 31 mars, qui informe sur les travaux et les actions menés par le département de Zerhouni dans le cadre de l'élaboration du statut particulier des personnels des collectivités locales. Le syndicat a eu vent à travers ce communiqué de l'installation d'une commission composée de hauts cadres des administrations centrale et territoriales conformément à l'instruction n°1 du 6 janvier 2007 du chef du gouvernement. « Nous nous interrogeons dans quelles conditions cette commission a été installée d'autant plus que les concernés ignorent son existence. Si nous n'avions pas fait grève, nous n'aurions jamais su qu'il existait une commission qui se penchait sur le devenir de notre situation socioprofessionnelle », a déploré l'orateur qui s'interroge quant à l'exclusion des partenaires sociaux de cette commission. « Nous ne siégeons pas au sein de cette commission, alors que la loi autorise le partenaire social à faire des propositions, à donner son avis et à la tutelle de l'associer à toutes les activités », a souligné Ali Yahia. Avant de qualifier la démarche du ministère de manœuvres dilatoires, le syndicat s'est demandé pourquoi la commission installée depuis trois ans n'arrive toujours pas à dégager un projet de statut à ce jour ? Le conseil syndical affirme par ailleurs son attachement indéfectible aux libertés syndicales et au droit de grève. « Le recours au débrayage est un droit fondamental et un outil que brandissent les travailleurs lorsque les portes du dialogue sont verrouillées », a conclu le porte-parole du syndicat.