La wilaya de Tiaret abritera, durant toute l'année 2006, une série de rencontres nationales et internationales en jonction avec l'histoire. C'est du moins, ce qu'a annoncé, la semaine dernière, le directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, en marge des travaux du second colloque sur la vie de Ali Hamami organisé par la direction de la culture. Dans ce contexte, ce dernier avait mis en exergue le sixième centenaire de la mort du célèbre historien et philosophe de l'histoire arabe et berbère Abou Zeid Abderrahman Ibn Khaldoun qui sera ressuscité lors d'un colloque qu'accueillera la capitale rostomide. Natif de Tunis en 1332, ce théoricien de l'histoire des civilisations, dont la famille, originaire du Hadramaout, devait d'abord s'installer à Séville avant de s'établir auprès des princes hafsides en terre tunisienne, avait quitté ce monde en 1406 à Tlemcen, à l'âge de 74 ans. Après un long périple qui le menait de Tunis à Fez, puis en Espagne et à Tlemcen, en passant par Béjaïa, Ibn Khaldoun atterrissait à Tiaret, antique Tihert, en 1374, après de longs tourments émaillés de disgrâces et de mises en tôle engendrées par ses différentes occupations aux hauts rangs de la politique de l'époque. À Tiaret, Ibn Khaldoun s'est consacré à conjuguer sa pensée à la plume en commençant par composer ses prolégomènes La Moqadima avant d'entamer l'écriture de son histoire universelle qu'il ne put achever en ce moment par manque de données. Ainsi, il décida de reprendre le chemin de Tunis pour consulter les ouvrages dont il avait besoin et poursuivit sa route jusqu'au Caire dans le même dessein. Il passera deux ans dans cette dernière ville où il sera nommé grand cadi malékite d'Egypte, fonction qui lui fut enlevée puis rétablie à trois reprises différentes et qu'il occupait encore quand il mourut en 1406. Durant un voyage qu'il avait fait en Syrie pour accompagner le sultan El Malik En Nâsir, Ibn Khaldoun se trouva enfermé à Damas et emprisonné par Tamerlan qui lui rendit la liberté et le traita ensuite avec beaucoup d'égards. Cependant, dans cette Moqaddimât (prolégomènes), Ibn Khaldoun a rédigé une sorte d'introduction à l'histoire des Arabes, des Berbères et de philosophie de cette histoire qui est un des ouvrages les plus remarquables parmi ceux qui ont été écrits par les auteurs musulmans au point de vue historique. Il y a déployé une grande largeur de vues, une vaste érudition et y a montré un sens critique. “Ibn Khaldoun a été l'un des premiers théoriciens de l'histoire des civilisations qui a conçu et formulé une philosophie de l'histoire qui restera sans doute le travail le plus monumental qui n'ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays”, disait de lui l'économiste et écrivain britannique Arnold Toynbee. R. SALEM