Les Etats-Unis s'impatientent de la lenteur de la réforme de l'ONU et, en guise de pressions, envisagent de faire adopter un budget intérimaire pour trois ou quatre mois à la place des traditionnelles deux années. Une façon de mettre le couteau sous la gorge de Koffi Annan pour introduire les réformes, devait implicitement reconnaître une responsable du département d'Etat américain. Même si les Etats-Unis se réjouissent de la création d'une commission de consolidation de la paix, annoncée mardi par l'ONU, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice reste très préoccupée par le manque de progrès sur les réformes de la gestion de l'ONU, a enchaîné son adjointe, chargée des organisations internationales, Kristen Silverberg, qui n'a pas mâché ses mots contre le secrétaire général de l'ONU accusé de mettre un frein aux réformes pour lesquelles les chefs d'Etat et de gouvernements avaient donné leur aval en septembre après de nombreux mois de discussions et après les controverses qui ont émaillé la dernière session annuelle à propos de l'élargissement du Conseil de sécurité. Le projet de réforme administrative de l'ONU vise à instaurer de meilleures pratiques de gestion et une plus grande transparence dans le fonctionnement de l'organisation, après qu'une série de scandales eut mis en évidence des erreurs de gestion et des malversations, notamment dans le programme “pétrole contre nourriture” en Irak, qui a éclaboussé des personnalités de diverses nationalités et même le fils de Annan. Le secrétaire général de l'ONU s'est déjà prononcé contre cette proposition qui plongerait, selon lui, l'organisation dans une crise financière, mais les Etats-Unis ne veulent pas lâcher prise, affirmant que d'autres pays s'impatientaient de la lenteur des réformes, citant le Japon, la Grande-Bretagne, l'Australie et le Canada. L'adjointe de Condoleezza Rice a également fait état des griefs que nourrit Washington à l'encontre de Koffi Annan. Selon l'équipe Bush, le secrétaire de l'ONU aurait mis le coude sur de nombreux projets, telle la création d'un conseil des droits de l'homme pour remplacer l'actuelle commission, très discréditée. Washington souhaite voir un conseil composé que de pays qui remplissent des critères stricts de respect des droits de l'homme et qu'il dispose d'un mandat fort, une sorte de droit d'ingérence en cas de violations flagrantes. Ce que rejettent de nombreux pays mais pas l'UE, plutôt favorable à la conception américaine. La marge de manœuvre de Annan est d'autant plus étroite que le représentant de Bush à l'ONU, Bolton, est considéré comme le faucon des néo-conservateurs. D. Bouatta