Beaucoup est attendu du nouveau secrétaire général de l'ONU solennellement élu vendredi par l'Assemblée générale, une formalité après le feu vert donné lundi par le Conseil de sécurité, véritable instance de décision. L'ancien ministre sud-coréen des Affaires étrangères Ban Ki-moon sait ce qui l'attend surtout au niveau de la décision. Il s'est dit « profondément honoré » de son élection à la tête de l'ONU et s'est engagé à faire en sorte qu'elle fasse moins de promesses mais réalise davantage. Pas de programme à vrai dire pour ne pas décevoir, mais que fera-t-il quand il est pressé de toutes parts pour régler les problèmes auxquels se heurte la planète ? S'adressant aux représentants des 192 Etats membres de l'Assemblée générale qui venaient de l'élire, M. Ban s'est engagé à poursuivre l'œuvre de Kofi Annan à qui il succédera le 1er janvier. « Je suis profondément honoré de devenir le second Asiatique à diriger l'organisation », a dit M. Ban, en référence au Birman U Thant qui fut secrétaire général de 1961 à 1971. « La vraie mesure du succès de l'ONU n'est pas combien elle promet, mais comment elle fournit ses services à ceux qui en ont le plus besoin », a-t-il dit. Et d'ajouter : « L'ONU est maintenant plus nécessaire que jamais. » Il a cité parmi ses priorités la lutte contre la pauvreté, le sida, la dégradation de l'environnement, le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et la protection des droits de l'homme. Concernant les réformes à l'ONU, M. Ban a affirmé : « Nous ne pouvons pas tout changer à la fois. Mais si nous choisissons sagement et si nous travaillons avec transparence, flexibilité et honnêteté, des progrès dans quelques domaines mèneront à des progrès dans beaucoup d'autres. » Secouée ces dernières années par plusieurs scandales de corruption, l'ONU est soumise à de fortes pressions, notamment des Etats-Unis qui financent 22% de son budget, pour se réformer, afin de rendre sa gestion plus efficace. Elu en pleine crise nucléaire coréenne, Ban Ki-moon a souhaité vendredi que le Conseil de sécurité adopte une résolution « ferme et claire » à l'égard de la Corée du Nord après l'annonce de son essai nucléaire. Décrivant l'annonce de cet essai comme « un rappel brutal » des énormes défis auxquels fait face la communauté internationale, M. Ban a déclaré, lors d'une conférence de presse : « J'espère que le Conseil de sécurité va adopter une résolution ferme et claire (sur la Corée du Nord). » Au début de la semaine, M. Ban s'était déclaré prêt à se rendre à Pyongyang afin de tenter de dénouer la crise, en sa qualité de chef de la diplomatie sud-coréenne. M. Ban sera le huitième secrétaire général, depuis la création de l'ONU en 1945. M. Annan, qui vient de boucler deux mandats à la tête de l'organisation internationale, a félicité son successeur, qu'il a défini comme « un homme à l'esprit réellement international », doté de « qualifications exceptionnelles ». « Je suis ravi que votre élection se soit déroulée de cette façon, rapidement et clairement », a-t-il dit à l'adresse de M. Ban. Il a rappelé les paroles prononcées il y a plus de 50 ans par le premier secrétaire général des Nations unies, le Norvégien Trygve Lie, à l'adresse de son successeur suédois Dag Hammarskjold : « Vous héritez de la tâche la plus difficile qui soit au monde. » « Même si c'est peut-être vrai, je dirais : c'est aussi le meilleur métier possible », a dit M. Annan. Ce dernier sait parfaitement de quoi il s'agit en prononçant ces mots. La pression viendra de toutes parts, tandis que lui se heurtera aux limites fixées par sa fonction. Il s'agira pour lui d'aller dans le sens du consensus qui se dessinera au sein de l'instance internationale. Il sera, à vrai dire, le porte-parole du rapport de force du moment.