La Chambre des représentants a décidé, avant-hier, de priver l'Onu d'une partie des subventions américaines si elle ne se réforme pas, une proposition désavouée par l'Administration Bush, qui privilégie une approche plus diplomatique pour remédier aux dysfonctionnements. En dépit de l'opposition du département d'Etat, qui a jugé “inacceptable” que le Congrès demande à l'administration de geler 50% de la quote-part américaine au budget général de l'Onu, 221 représentants américains contre 184 ont adopté ce texte. Le débat a été l'occasion pour des élus de tous bords d'aligner des reproches particulièrement sévères envers l'Onu, à la réputation ternie par une série de scandales ces derniers mois — en particulier celui du programme “Pétrole contre nourriture”, qui a conduit à plusieurs appels à la démission du secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan —. Le chef de la majorité républicaine, Tom DeLay, a laissé libre cours à son mépris à l'égard de l'Onu. “Loin de sauver les générations futures du fléau de la guerre, l'histoire de l'Onu, faite de pusillanimité, d'apaisement et de relativisme moral, a exacerbé le fléau de la guerre”, a affirmé M. DeLay. Les démocrates ne se sont montrés guère plus indulgents : “La question n'est pas de savoir s'il faut réformer l'Onu, mais comment la réformer”, a souligné le numéro deux de l'opposition, Steny Hoyer. “Il est dans notre intérêt de payer notre quote-part”, dira M. Hoyer, selon qui le texte interdirait aux Etats-Unis de soutenir toute mission de maintien de la paix. Les Etats-Unis avaient accumulé, dans les années 1990, des arriérés de paiement importants envers l'Onu, mais l'Administration Bush les avait soldés peu après les attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington, dans le but avoué de s'assurer un meilleur soutien de la communauté internationale. Si ce texte était définitivement approuvé puis promulgué, le Congrès bloquerait le versement de quelque 220 millions de dollars à l'Onu, tant que ne seraient pas réalisées au moins 32 des 39 réformes préconisées par les parlementaires américains, portant notamment sur l'éthique et la gestion de l'organisation, ainsi que sur la composition de la Commission des droits de l'Homme. À New York, M. Annan a déploré ce vote en l'estimant “non productif”. Le secrétaire général de l'Onu a estimé que ce vote mettait “en danger” le Sommet, prévu en septembre, qui doit discuter des réformes, notamment de la question de l'élargissement du Conseil de sécurité. La commission des affaires étrangères du Sénat a fait savoir qu'elle travaillait à son propre texte sur la réforme de l'Onu. Ce débat sur la façon de faire évoluer l'Onu intervient alors que les Etats-Unis sont, depuis cinq mois, sans ambassadeur aux Nations unies. R. I./Agences