Depuis 15 ans, les habitants de ce village interpellent l'administration locale pour intervenir auprès de la direction des mines et de l'industrie pour le projet d'électrification. Leur doléance n‘ayant rencontré aucun écho auprès du wali de Tizi Ouzou, ils se sont résolus à saisir la presse. “C'est notre dernier recours”, admettent les membres du comité du village Azib-Ahmed. Cela fait 15 ans qu'ils prient instamment l'administration locale pour intervenir auprès de la direction des mines et de l'industrie (dmI) en vue de donner son accord au projet d'électrification de Bouhioua, un quartier qui suinte la misère de la Kabylie profonde. Le projet avait été retenu et soumissionné à l'issue de son étude par la dmI, la Sonelgaz et l'APC qui l'ont finalisé en désignant, pour sa réalisation, une entreprise qui avait entamé les travaux de marquage. Sans crier gare, un devis tombe sur le bureau du responsable de la Sonelgaz ordonnant l'arrêt des travaux. La dmI invoque la non-rentabilité du projet pour faire passer sa décision. Et la galère commence. Des interventions officielles ont été faites auprès du premier magistrat de la wilaya, les services concernés, l'APW, depuis avril 2004. “Vous serez branchés prochainement”, leur a-t-on déjà promis en… 1994. Onze années plus tard, toujours rien. “À la dernière entrevue avec le président de l'APW et le directeur des mines et de l'industrie, ce dernier a refusé catégoriquement de lever l'annulation de notre projet sans aucune explication valable”, déplorent les protestataires. “Aux quatre coins du village, tous les foyers sont alimentés normalement, sauf notre quartier. Il suffit de nous brancher sur le réseau.” En attendant la réalisation de leur vœu, les plaignants “piratent” à droite et à gauche. “J'ai tiré 400 mètres de câble. En hiver, les dominos se dilatent, provoquant des coupures fréquentes du courant électrique. Le voltage est très faible avec tous ces fils sur les arbres. Résultat : si le téléviseur est en marche, il faut débrancher tout autre appareil”, témoigne un père de famille.La solution réside dans la reprise du projet d'électrification de ce hameau situé à 3 kilomètres au sud-est du chef-lieu de wilaya. Profitant de leur passage à notre bureau, les membres du comité du village Azib-Ahmed n'ont pas manqué de soulever le problème de l'impraticabilité de la piste, l'unique voie qui donne accès au village. Il suffit de quelques averses pour la voir se transformer en bourbier. Les écoliers sont les premiers à payer les frais de l'insouciance de leurs aînés. Un citoyen raconte, sans ironie, que l'ancien maire, qui voulait s'enquérir de la situation de visu, s'est enlisé lui et son véhicule sur cette même route. Sur un autre plan, les habitants de la région souffrent de l'inexistence de l'assainissement. Une bonne partie des foyers recourent toujours aux fosses sceptiques. “Qu'on nous donne du ciment et des buses, on fera le reste.” L'APC de Tizi Ouzou dont relève le village Azib-Ahmed est interpellée. Reste à espérer que l'appel sera suivi d'effet. A. T.