La direction politique du MSP a tenu, hier au siège national du parti, une réunion d'évaluation des situations politique et socio-économique ayant prévalu durant l'année déclinante. Le moins que l'on puisse dire est que le bilan que fait le parti, présidé par Bouguerra Soltani, des actions du gouvernement, en particulier, et des plus importantes institutions de l'Etat, en général, n'est guère reluisant. Pêle-mêle, les dirigeants du mouvement ont mis à l'index la fermeture du champ médiatique, les exactions que subissent les syndicalistes dans divers domaines, l'ébullition quasi permanente du front social, les retards cumulés dans les réformes économiques et de la justice… Le MSP a surtout regretté que les espoirs suscités par le succès du référendum sur la Charte portant réconciliation nationale et la paix soient quelque peu perdus dans les méandres des tergiversations dans la mise en œuvre des textes d'application des mesures contenues dans ladite charte. Soufflant le chaud et le froid, comme d'habitude, le président du MSP, dans ses réponses aux journalistes, dira qu'il reviendra au chef de l'Etat, “père du projet, de décider des modalités d'application de la charte”. Il faut comprendre par là que les textes attendus sont gelés jusqu'à la guérison du président de la République et son retour aux commandes du pays. À ce propos, Bouguerra Soltani, également ministre d'Etat au gouvernement d'Ouyahia, a dit ne pas savoir à quelle date reviendra le président Bouteflika en Algérie. “C'est une question tributaire de sa propre volonté et de la décision de l'équipe médicale”, s'est-il limité à dire. Il a saisi l'occasion pour soutenir qu'il se félicite que les institutions de l'Etat fonctionnent normalement en l'absence du chef de l'Etat. Pourtant, peu de minutes auparavant, son adjoint Abdelmajid Menasra a déclaré que “la maladie du Président a révélé la proéminence de la culture de la rumeur et des surenchères en Algérie”. Il avait ajouté que le gel des activités de certains ministères relève de la volonté de leurs gestionnaires de tout mettre en veilleuse tant que le premier magistrat du pays est absent pour cause de maladie. Sur l'ambivalence du comportement du MSP de garder un pied dans l'opposition, tandis que l'autre est bien planté dans le gouvernement, son principal responsable a rétorqué : “Notre présence au gouvernement ne signifie pas que nous sommes satisfaits de son action. Nous y restons pour rendre service à l'Etat qui subit des attaques frontales.” Bouguerra Soltani a critiqué aussi les failles de cohésion de l'alliance présidentielle, reprochant au RND et au FLN de faire cavalier seul et de manquer aux principes moraux qui lient les trois partis. Après avoir sérié les problèmes politiques et socioéconomiques ayant émaillé les douze mois de l'année 2005, les responsables du MSP ont exposé leurs dix commandements pour que l'année qui s'annonce soit porteuse de meilleurs augures. Ils ont ainsi proposé la préservation des acquis démocratiques ; la levée de l'état d'urgence ; la promulgation rapide des textes de la réforme économique ; la réforme de la justice ; la levée de l'embargo sur la création de partis politiques et d'associations ; l'élargissement des prérogatives des assemblées élues, qu'elles soient nationales ou locales ; la révision de la loi électorale dans le sens de plus grandes garanties contre la fraude ; la libéralisation du secteur audiovisuel ; la lutte contre la corruption sans discrimination ; la revalorisation des salaires, et enfin le respect des droits syndicaux. Souhila H.