De la question des poursuites judiciaires jusqu'à l'interdiction à un chef d'établissement d'appartenance à un syndicat, le syndicat s'en est pris, hier, au département de Benbouzid, l'accusant d'agir dans l'illégalité. Il a toutefois réitéré sa disponibilité au dialogue. “Ceux qui refusent le dialogue ont peur de la démocratie”, tel est l'intitulé de la déclaration rendue publique, hier, par le conseil des lycées d'Alger (CLA) en guise de réponse aux déclarations du ministre de l'éducation nationale Boubekeur Benbouzid. Tout en réitérant sa disponibilité au dialogue, le CLA considère légitimes certaines revendications des enseignants et le maintien de la grève décidée pour les 15 et 16 janvier prochain. “Nous devons rester sereins tout en maintenant la pression sur les pouvoirs publics pour ouvrir le dialogue sur la plate- forme de revendications dont l'augmentation des salaires de toutes les catégories des travailleurs de l'éducation, la promulgation du statut particulier dans le cadre du statut de la fonction publique, la retraite à 100% et la garantie du libre exercice de l'activité syndicale et du droit de grève”, souligne le CLA qui entend mobiliser, aujourd'hui, les syndicats afin de rehausser le cadre de vie de la corporation. “Si ce n'est pas maintenant qu'il faut bouger pour nos droits et intérêts étroitement liés à l'amélioration de l'intérêt des élèves et de l'école publique alors quand pourrons-nous le faire ?” s'est interrogé le conseil des lycées d'Alger. Pour l'organisation de Osmane Redouane, la défense collective de “nos revendications est un acte de démocratie sociale” tout en appelant les parents d'élèves à faire preuve de compréhension. “Ils doivent comprendre que notre précarité aura des conséquences néfastes sur l'épanouissement de leurs enfants”. Le conseil des lycées d'Alger considère que le ministère de tutelle agit dans “l'illégalité” et rappelle que la circulaire, interdisant aux chefs d'établissement une appartenance syndicale, relève d'un “précèdent grave du fait qu'une simple circulaire suspend la légalité constitutionnelle pour lui substituer les pouvoirs d'exception”. Le syndicat évoque, également, les multiples entraves et autres harcèlements judiciaires dont les enseignants ont été victimes à chaque mouvement de protestation. Commentant l'entrave à l'exercice du droit syndical tel qu'énoncé par les dispositions des articles 4 et 5 de la loi 90-02, qui spécifient l'obligation faite à l'employeur d'engager des procédures de conciliation et de négociation avec les représentants des travailleurs, le CLA renvoie la balle au département de Benbouzid en l'accusant de fermer les portes au dialogue et de vouloir agir avec autoritarisme. “Quand sur proposition du ministre de l'éducation, un décret mutile nos garanties statutaires gommant la promotion interne et substituant la mutation d'office à la mobilité volontaire et choisie, personne ne relève l'illégalisme d'un tel acte”, lance le syndicat autonome. “Nous appelons la société civile à réagir contre les atteintes à la souveraineté populaire et à la constitution”, indique le CLA qui déplore “une opération préméditée et insidieuse de la mise en pièce d'une législation sociale qui prépare l'acte de décès des libertés publiques”. Salim Tamani