Pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, des syndicats de l'éducation ayant des objectifs communs sont parvenus à unir leurs forces dans une Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation. Il s'agit du CLA, du CNAPEST, du SATEF, du SETE de Béjaïa affilié à la FNTE, du SNTE et de l'UNPEF. En évitant l'éparpillement des forces et en unifiant leurs revendications, les représentants des six syndicats estiment qu'ils ont redonné, à travers leur action, espoir à des milliers de fonctionnaires de l'éducation (enseignants, corps communs, administratifs et cadres) soumis à la relégation, la précarité et à l'inexistence sociale. Les revendications de la coordination se résument à quatre points essentiels, à savoir l'augmentation des salaires de toutes les catégories des travailleurs de l'éducation, la promulgation du statut particulier des travailleurs de l'éducation dans le cadre du statut de la Fonction publique, la retraite à 100% et la garantie du libre exercice de l'activité syndicale et le droit de grève. La coordination a confirmé, avant d'annoncer ouvertement le déclenchement d'une grève générale les 15 et 16 janvier prochain, sa disponibilité totale au dialogue. Les syndicats étaient prêts à renoncer au débrayage si le ministre de tutelle accepte de s'asseoir autour d'une table pour débattre profondément des problèmes des enseignants et des travailleurs du secteur. Malheureusement, Boubekeur Benbouzid a exclu toute possibilité d'ouvrir des négociations avec les six syndicats arguant que son département ne peut pas dialoguer avec des organisations non reconnues par la loi. Le ministre a également avoué son incapacité de prendre en charge les revendications exposées par les enseignants d'une manière générale. « La question des salaires est une problématique nationale qui sera traitée par le gouvernement au moment opportun, le statut de l'enseignant entre dans le cadre de la réforme du statut de la Fonction publique, le dossier de la retraite est aussi national et ne relève pas de mes prérogatives. » Ce sont, entre autres, les réponses données par le ministre qui a, par là même, menacé d'appliquer la loi dans toute sa rigueur dans le cas où des enseignants abandonneraient leur poste de travail. M. Benbouzid a également rédigé une circulaire interdisant aux chefs d'établissement l'exercice du droit syndical. Les syndicats, de leur côté, sont persuadés : « Le refus ferme de toute négociation avec la coordination, les menaces, les poursuites judiciaires et les circulaires scélérates préparent l'escalade, seule possibilité pour le ministère de l'Education d'éluder les revendications posées par les travailleurs du secteur. Ceux qui refusent le dialogue ont tout simplement peur de la démocratie. » Ils ont décidé, cette fois, de rendre visible leur colère et sortir de la relégation sociale pour être reconnus et respectés en qualité de professionnels de l'enseignement. L'action des syndicats est motivée par le souci d'œuvrer à la revalorisation de leur métier, à l'amélioration de leur pouvoir d'achat fortement détérioré et par là même stopper la précarité rampante qui touche tous les corps de l'éducation et influe négativement sur le rendement scolaire et sur la qualité de l'acte pédagogique.