En dépit de la décision de justice déclarant l'appel à la grève lancé par le Conseil des lycées d'Alger (CLA) illégal, celui-ci est passé hier à l'acte et les enseignants affiliés à ce syndicat ont observé un arrêt de travail au niveau de la capitale accompagné d'un sit-in devant le ministère de l'Education nationale. Hier, un dispositif de sécurité important a été déployé aux alentours de cette institution, les agents de sécurité avaient pour mission de disperser la foule dont le nombre dépassait la centaine. Prévu pour deux heures, le rassemblement n'a finalement duré qu'une demi-heure en raison de l'intervention des policiers. Une délégation de représentants du CLA s'est constituée pour s'entretenir avec le ministre de l'Education. Toutefois, celle-ci n'a été reçue par aucun responsable du département de Benbouzid. « Vous n'êtes pas autorisés à entrer à l'intérieur ni à rencontrer un responsable, car vous êtes une organisation non agréée. Ce sont les instructions », a déclaré un agent de sécurité aux représentants du CLA. Le premier responsable de ce syndicat juge que la répression n'est pas une solution pour le règlement d'un quelconque problème. Le gouvernement, de son avis, doit ouvrir un dialogue mûr avec le CLA et ne pas se laisser « convaincre par les groupes ou les lobbies qui refusent le pluralisme syndical. Il faut rompre avec le cercle vicieux de la répression et des alternatives à court terme ». Le CLA est persuadé que la bonne décision est d'ouvrir le dialogue avec les enseignants et d'arrêter immédiatement toutes les poursuites judiciaires à l'encontre des représentants des enseignants qu'ils soient du CLA ou du Cnapest. Dans une déclaration rendue publique, le CLA s'insurge contre le comportement et les agissements du ministère de tutelle et estime que le communiqué interdisant la grève du CLA diffusé à la télévision et sur les ondes de la radio vise, sans aucun doute, à identifier un conflit socioprofessionnel comme une rébellion contre les institutions de l'Etat. Le département de Benbouzid, d'après les représentants du CLA, les accuse de prendre en otage les élèves et d'être hors du champ de la légalité, dresse devant leurs revendications le droit aux études, les accuse d'être responsables de leur propre malheur et les pousse à accepter le rôle de victimes consentantes alors que la notion de responsabilité du ministère de l'Education dans le blocage au dialogue est masquée. « Le communiqué a tendance à faire passer l'activité syndicale comme un méfait. Cet appel diffusé à une heure de grande écoute a pour fonction de créer un climat intolérable de peur et de répression. Les conclusions du jugement en référé mettent en avant l'illégalité de la grève et éludent la responsabilité du ministère, principale source du conflit », expliquent les représentants du syndicat qui sont convaincus que cette opération de communication vise à casser l'élan unitaire que le syndicat a suscité et consolidé, depuis deux ans, dans les lycées d'Alger et a également pour objectif de décapiter les organisations syndicales combatives et à enterrer tout mouvement de contestation dans le secteur de l'éducation. Le CLA n'envisage pas de renoncer à ses droits. « Nous n'acceptons pas qu'on étouffe des revendications tout à fait fondamentales, comme le droit à un salaire décent, des garanties statutaires, un assouplissement de la retraite, une éducation publique et de qualité, la réhabilitation du pouvoir pédagogique des enseignants, la fin de l'autoritarisme et l'arrêt immédiat de toutes les poursuites judiciaires. » Le CLA appelle les enseignants du secondaire à rester solidaires et unis et à ne pas laisser la peur l'emporter.