Les grévistes exigent que “des réponses concrètes soient apportées, que le dialogue reprenne avec les responsables ministériels et qu'une issue à la crise soit visible”, avant d'interrompre leur mouvement. Il était entendu que l'art est le parent pauvre du développement national. Et voilà que ceux qui ont le tort de l'avoir dans les veines soient réduits à entreprendre des actions extrêmes pour tirer la sonnette d'alarme sur l'état de déliquescence d'une discipline, mais aussi d'une institution dont visiblement l'Algérie officielle ne mesure pas ou ignore l'importance. Lassés par l'absence d'écho à leurs revendications, plusieurs étudiants de l'école supérieure des Beaux-Arts à Alger ont décidé d'entamer une grève de la faim illimitée à compter d'aujourd'hui jusqu'à ce que, disent-ils, “des réponses concrètes soient apportées, que le dialogue reprenne avec les responsables ministériels et qu'une issue à la crise soit visible”. Dans un communiqué remis hier à la rédaction, les étudiants interpellent les pouvoirs publics et toutes les “parties concernées”, “afin de remédier à l'état de déliquescence avancé de l'école et déclinent toute responsabilité quant aux conséquences” potentiellement négatives. En grève illimitée depuis le 24 novembre, les étudiants, au même titre d'ailleurs que les enseignants, mettent en avant un chapelet de revendications. Dispositions “arbitraires” prises par la direction de l'établissement, dont le changement de serrure du local du comité, rupture de dialogue avec les autorités concernées, fermeture de l'ensemble des salles de l'ESBA, fermeture du portail d'accès, refus de la direction d'exécuter les décisions prises d'un commun accord lors d'une AG avec un représentant du ministère de la culture, violation de la note datée du 26 novembre explicitant la suppression des vacances d'hiver et de printemps, tentative du directeur depuis le 22 décembre de fermer l'école, et qui menace de fermer l'école si les étudiants ainsi que les enseignants ne reprennent pas les cours le 7 janvier prochain, pression sur les étudiants internes et enfin question des diplômes sont autant de griefs retenus aussi bien contre la direction de l'école, accusée de s'accommoder d'un conseil pédagogique “non représentatif”, que contre le ministère de tutelle. “Il est temps pour nous étudiants d'arrêter de subir les actions et les décisions d' “autrui”, de tout faire pour sortir notre institution du marasme”, concluent les étudiants, lesquels occupent l'école 24h/24 depuis le 25 du mois en cours. KARIM KEBIR