Notre Président est de retour. Cela seul suffirait à notre bonheur. Formons le vœu qu'il recouvre, très vite, tous ses moyens physiques afin qu'il s'attelle sans plus tarder à la mise en chantier des… chantiers demeurés en suspens et des remises en question devenues… urgentes. L'année qui se termine fut, il faut bien le dire, comme un peu poussive, en dedans d'elle-même, pour tout dire, inachevée. La longue absence du timonier y est pour beaucoup, assurément ; cependant, des ministres “ministrèrent”, des arrivistes arrivèrent, et peu de pauvres s'enrichirent. La pure routine. Sauf qu'avec quelques dizaines, dit-on, de milliards de dollars dans le bas de laine de la République, les hurons que nous sommes s'attendaient, oh ! les impertinents, à ce qu'il nous fût donné d'en profiter un minimum. Par exemple, que les salaires du bas de l'échelle augmentassent d'un pouième, juste de quoi trouver quelque vertu au travail, dans un pays où il n'y en a précisément pas. Par exemple, que le bas de laine ne servît point aux sots d'élargir leurs cercles clientélistes, mais aux intelligences de s'imposer le sacerdoce des ruptures fécondes. Que l'on rompît d'avec cette excellence nationale de toujours accorder la prime à la médiocrité. Et que de temps en temps, juste pour voir, juste pour faire comme nos voisins, l'on fît le choix des compétences. Que, juste pour voir, juste pour faire comme nos voisins, pas moins musulmans que nous, l'on écartât nos vieux démons démagogiques pour revenir au sérieux de la semaine universelle. Car, il y a comme cela encore plein de fadaises de ce goût qui cernent l'essentiel des attentes du spectre sociologique de la nation et qu'il n'est pas de notre ressort de les énumérer toutes. Convenons-en, beaucoup a été fait. Mais il reste beaucoup à faire. Et malheureusement l'on sent bien que la volonté émancipatrice du Président s'est émoussée peu à peu au contact d'un système qui gère la stagnation au mieux de ses intérêts et qui, décidément, a vocation de ruiner nos espoirs. Alors il nous faut être nombreux à tirer la sonnette d'alarme car c'en est assez des indignités convenues et des lâches complaisances quand les destins des multitudes se brisent sur les récifs de l'indifférence et que des personnages en carton pâte vinssent à nous susurrer la fatalité de notre enfer pour prix de leur confort. C'en est assez de n'en rien murmurer et d'affecter la pantomime sirupeuse de ceux que le doute n'assaille pas. Ce n'est pas rendre service au pays que de se taire ; ce n'est pas témoigner son soutien au Président que de participer, même passivement, à la curée. Aux carrefours du pouvoir des malfaisants ont disposé leurs indigents du cortex, telle une tumeur gélatiniforme, comme pour régenter la régression, débarrassez nous-en, Monsieur le Président ! Et bonne année, quand même. Med B.