L'hôtel Suisse africaine de Yakouren à 48 km à l'est de Tizi Ouzou, dont la réalisation remonte à l'ère coloniale, est érigé au cœur du chef-lieu de la commune. Cette belle bâtisse, composée d'une vingtaine de chambres, d'une salle des fêtes, d'un grand parking clôturé, ainsi que d'un spacieux sous-sol, ne cesse de faire l'objet de dégradations, dans l'impunité. Certains habitants sont écœurés mais impuissants devant ces actes de saccage et de vols. D'autres, en revanche, se calfeutrent dans une l'indifférence. En effet, les pilleurs ne trouvent aucune difficulté à y subtiliser tout ce qui en reste de détachable et de démontable : portes, fenêtres, lustres… Même les tuiles ont été à maintes reprises la cible de cambrioleurs. Dans la journée, les murs de ce joyau, servent de… toilettes publiques à des passants en mal d'un soulagement. D'ailleurs, dès qu'on s'approche de cette construction, l'on est agressé par une puanteur insupportable, même si l'on est à bord d'un véhicule. À l'intérieur, rien n'a été épargné par les actes de vandalisme : des feux volontaires ont ravagé plusieurs salles, avec des surfaces et des parois noircies de fumée, des traces des eaux de pluie dégoulinant à travers la toiture éventrée, etc. Cette bâtisse est un bien communal, faut-il le rappeler, et est gérée normalement par la collectivité. Jadis, elle réalisait des rentrées d'argent aux caisses de la mairie, notamment lorsqu'elle fut louée, depuis 1980 à 1990 environ, à la Sonatrach, qui l'avait transformée alors en une colonie de vacances pour les enfants de ses travailleurs. Des centaines de bambins, qui y avaient passé leurs vacances d'été, aujourd'hui des hommes, se souviennent certainement encore de leurs agréables séjours sur les lieux et dans cette région à vocation touristique. Le général de Gaulle, raconte-t-on, avait même séjourné, vers la fin des années 1950, dans ce bel hôtel en passe de se transformer en ruine si aucun holà n'est mis à temps pour le protéger et le restaurer, pourquoi pas ? Abandonnée donc par Sonatrach, la bâtisse fut exploitée plus tard par un particulier comme “discothèque”, pour quelques mois seulement, puisque celui-ci sera obligé par la population locale à plier bagage, à cause notamment de fléaux qui en ont apparu juste à son ouverture et de sa reconversion en “lieu de débauche”. “Maintenant que le mal est fait, les autorités locales ne doivent plus perdre de temps, d'autant qu'elles en ont déjà assez perdu, pour prendre les mesures nécessaires afin de sauver ce qui peut l'être de cette structure”, lance un sexagénaire dépité par l'état de ce qui en reste de l'hôtel Suisse africaine de Yakouren, sachant que les malfaiteurs, eux, ne perdent jamais de temps pour y opérer de nouveaux larcins. HACÈNE Aouidad