Les colons la surnommaient la “petite Suisse africaine” alors qu'une romancière qualifiait la forêt de Yakouren “d'immense et bizarre”. À l'ouverture de la saison estivale, les villes côtières sont prises d'assaut par des centaines de milliers d'estivants à la recherche de sable fin et de moments de détente. Les adeptes du tourisme de montagne trouveront, eux, beaucoup de régions qui recèlent d'énormes potentialités touristiques. C'est le cas de la localité de Yakouren, située à quelque 50 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya, Tizi Ouzou, pouvant devenir avec le temps un pôle touristique incontestable, pour peu que l'on accorde plus d'intérêt à ce type de tourisme. Les potentialités que détient cet endroit ne sont pas le fait du hasard, mais bien l'aboutissement logique de plusieurs facteurs réunis. Yakouren est situé à 820 m d'altitude, sa pluviométrie moyenne est estimée à 1 200 mm/an, ce qui lui a permis d'avoir un massif forestier riche, dense et diversifié. Composé essentiellement d'arbres centenaires (chêne-liège et de chêne zen), ce massif renferme une superficie totale de 7 930 ha dont 47% (3 730 ha) constitués de forêts contenant diverses essences. Au final, des sites mirifiques dignes des décors des contes légendaires, thimouchouha, tirés de notre terroir. Ses paysages panoramiques peuvent drainer des milliers de touristes en quête de quiétude, d'extase dans un total air pur. À cela s'ajoute la position géographique qu'occupe cette région, “embusquée” à mi-chemin sur la RN 12 entre les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa. La commune de Yakouren sert, depuis belle lurette, de lieu d'approvisionnement pour des centaines de passagers qui transitent quotidiennement et marquent des haltes pour admirer cet endroit, d'où le mouvement dense de trafic routier et de foules humaines. Cela redynamise les grandes artères et les boulevards de cette localité. “On va marquer une petite pause. Vous avez un quart d'heure pour vous reposer, vous désaltérer et manger des sandwichs !” lance d'une forte voix un receveur de bus à l'intention des voyageurs. Ainsi, Fontaine Fraîche, à 2 km du chef-lieu communal, avec ses multiples sources limpides jaillissant de tous les coins, est devenue un endroit de rafraîchissement pour les voyageurs qui se mettent en file indienne pour remplir leurs bouteilles et jerricans après le parcours de longs trajets. En plus de ces atouts, Yakouren a charmé tous ceux qui y ont mis les pieds. Une romancière dans un de ses ouvrages qualifiait la forêt de Yakouren “d'immense et bizarre”. Si l'on doit faire un constat sur l'état du tourisme dans la municipalité de Yakouren, on réalise que celui-ci est sans conteste amer. Dégradation et rupture À commencer par les infrastructures d'accueil. Mis à part l'hôtel Tamgout, la région ne dispose d'aucune autre infrastructure hôtelière, excepté l'hôtel Suisse africain, un édifice datant de l'ère coloniale et qui se trouve dans un état de délabrement des plus lamentables, à cause d'actes de sabotage et de vols dont il a fait l'objet au cours des trois dernières années. Pour ce qui est de l'hôtel Tamgout, celui-ci n'arrive plus à faire les recettes d'antan quand les réservations de chambres se faisaient un mois, voire deux mois à l'avance. En été comme en hiver, des touristes de diverses nationalités (françaises, allemandes, espagnoles…) se “bousculaient” pour cet endroit où ils s'adonnaient à de joyeux pique-niques et randonnées pédestres dans les alentours de la forêt des Beni Ghobri. Développer le tourisme de montagne sera d'autant plus bénéfique pour la municipalité qui ne manquera pas d'engendrer des postes d'emploi et d'améliorer le cadre de vie des habitants, sachant qu'un chômeur de moins est un souci de moins dans une commune où le chômage enregistre un taux des plus élevés. Hacène AOUIDAD