De la vocation touristique de cette petite ville balnéaire qu'est El Kala, forgée depuis bien des siècles nous dit-on, il n'en reste presque absolument rien. Sauf peut-être les officiels et les responsables de la Direction du tourisme qui ne cessent de vanter encore cette vocation. On trouve au niveau de ces services de vieux dépliants qui ne reflètent guère le vécu quotidien de cette ville qui, au fil des ans, languit et ses habitants subissent les retombées d'un laisser-aller sans précédent. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce gestionnaire défaillant a été maintenu dans sa fonction alors que son prédécesseur a été limogé malgré les efforts qu'il avait fournis pour un redressement du secteur. Ainsi donc, tout le monde sait maintenant que ces nominations de directeurs ne se font guère en fonction de la compétence. C'est la loi du clanisme qui prévaut et il faut parfois payer pour être maintenu ou promu dans de nombreux secteurs. Dans un passé tout récent, la ville d'El Kala (dénommée entre autre Tounés) était désignée comme étant le petit Paris. Et pour cause, les Parisiens à l'époque coloniale, au lieu de se rendre à Nice, Cannes, Saint Tropez et autres pour passer leurs vacances venaient en grand nombre à La Calle aux plusieurs comptoirs commerciaux. Sanson Napoléon avait édifié majestueusement un bastion du côté de la vieille Calle. Bien après l'indépendance, El Kala recevait de nombreux touristes venant de tous les coins du pays, et même de Tunisie. À travers la wilaya d'El Tarf avec un littoral de 90 km, les infrastructures hôtelière et touristique, réduites à leur plus simple expression, subissant les contrecoups d'une situation particulièrement criminelle et d'une législation démesurément transgressée, voire même détournée de sa réelle vocation pour une partie, sont vouées à un lendemain touristique incertain, pour le reste. Le bilan de cette opération se résume dans le seul hôtel réalisé dans le style Pouillon, donné en location à un privé. Sur le terrain, l'on constate aujourd'hui une réelle dégradation du site, incitant les responsables à céder cette infrastructure de 103 chambres, pied dans l'eau. Maintenant que les auteurs du “massacre” ont réalisé qu'il est impossible de l'acquérir, l'on tente à travers une propagande de le dévaloriser en parlant d'inefficacité dans sa mise en vente. La vente de cette importante réalisation n'ayant finalement pas abouti, c'est toute l'infrastructure touristique, support de toute une vocation apparue depuis bien longtemps avec son cachet particulier, qui s'achemine irrémédiablement vers la désintégration. À cette situation, s'ajoute la propension à anéantir l'activité touristique à El Tarf, à travers la multiplication des convoitises pour l'accaparement de tout ce qui est foncier et à des prix qui frisent l'inimaginable. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'enquête menée tambour battant dans ce secteur a mis, en traitant une centaine de dossiers, au grand jour la complicité de commis de l'Etat. Les personnes sur qui pèsent les soupçons disent avoir acheté légalement et n'ont rien à se reprocher. Sur le terrain, la situation est toute autre et ce, depuis bien des années. Les terres agricoles n'ont pas été épargnées par l'hydre… Tahar Boudjemaâ