Le wali a ordonné la fermeture des dancings et discothèques de la côte. Des émeutes ont éclaté jeudi dans la ville d'El-Kala, dans la wilaya d'El-Tarf à l'est du pays, immédiatement après les obsèques du jeune Riadh Djaffour, assassiné la veille par un voleur issu de Batna sur un parking qu‘il gardait. Les émeutiers ont saccagé les dancings et débits de boissons «improvisés» durant la saison estivale, dont le Club 36, un établissement touristique qui accueillait au moment de l'attaque des familles. Les jeunes en colère s'en sont pris ensuite à coups de pierres à la direction des douanes et au siège de la poste. «Les jeunes voulaient chasser tous les Chaouis se trouvant à El-Kala», déclare une source locale. Une chasse aux plaisanciers étrangers à la wilaya s'en est suivie à la plage d'El-Kala, l'une des destinations favorites des estivants de l'est du pays. Là, ils s'en sont pris à un autre restaurant et ont brûlé une Ford appartenant à un Batnéen. Les familles présentes à la plage ont dû se réfugier au poste de la Protection civile puis au niveau d'un CEM abritant une colonie de vacances. Les émeutiers se sont ensuite «occupés» de l'entrepôt de vin en l'incendiant complètement. Les estivants, venus de différentes wilayas, ainsi que des émigrés ont été agressés physiquement par les jeunes emportés par la colère. L'hôtel Jugurtha a échappé de justesse aux flammes. Alors que le siège de la daïra a été épargné par la déferlante de colère. Ensuite, la Route nationale 44, reliant El-Kala à Annaba a été coupée par les émeutiers ainsi que le Chemin de wilaya n° 109 entre El-Kala et la commune d'El-Chett. Hier, El-Kala offrait l'image d'une ville morte. A l'hôpital, on dénombrait 61 blessés issus des wilayas d'El-Oued, d'Alger, de Relizane et de Guelma. Des dizaines d'autres ont dû quitter la ville. Deux blessés, dans état grave, ont été transférés à Annaba. Le responsable de la sûreté de daïra a affirmé qu'aucune plainte n'avait été déposée, jusqu'à hier. Pour en revenir aux faits de la veille, le gardien du parking, Riadh Djaffour, natif d'El-Kala, âgé de 32 ans, a été assassiné à l'arme blanche, mercredi soir, indiquent les services de sécurité. La victime avait poursuivi deux autres jeunes qui avaient volé l'autoradio d'un véhicule en stationnement au lieu dit Les Brisants. Un des agresseurs, A. F., âgé de 22 ans et originaire de Batna, a planté un couteau à cran d'arrêt dans la poitrine de Riadh, le tuant sur le coup. L'agresseur et son complice, C. Y., âgé de 19 ans, également de Batna, prirent la fuite, mais furent très vite rattrapés et arrêtés au lieu dit Boulif par les policiers qui patrouillaient par hasard sur les lieux alors que les agresseurs tentaient de quitter la ville. Le corps de la victime a été transféré pour autopsie à la morgue d'El-Kala. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de ce crime. Riadh Djaffour laisse deux orphelins et une veuve. «Cet assassinat n'est que la suite d'une longue série de crimes», attestent des sources locales. Tentant de calmer les esprits, une réunion d'urgence s'est tenue au siège de la daïra sous la présidence du wali en présence de quelques jeunes, et des «notables» de la ville. Les jeunes, présents à cette séance, ont exprimé leurs problèmes et ont dénoncé «les abus de certains responsables». Les citoyens ont accusé des policiers et le chef de sûreté de daïra de couvrir les activités des cabarets. Accédant à leur demande, le wali a ordonné la fermeture des discothèques et dancings «improvisés» durant l'été, des cabarets en d'autres termes et a demandé aux manifestants de lui faire confiance pour régler progressivement les problèmes. Rappelons que le 22 juillet dernier, les cinq cabarets de Bordj El-Kiffan, à l'est d'Alger, ont été saccagés par des centaines de jeunes venus de cette localité et de ses proches environs. Selon plusieurs sources, notamment policières, l'élément déclencheur de toute cette violence a été la mort d'un jeune gardien de parking à l'arme blanche à la suite d'une rixe devant l'un de ces cabarets. Mercredi soir, un cabaret à Belcourt a été momentanément fermé par les services de la gendarmerie à la suite d'une agression à l'intérieur de cet établissement. Sur la côte ouest de l'Algérois, les cabarets Yasmina et El-Bahdja ont récemment baissé rideau. Il se passe des affaires intéressantes dans cette belle ville côtière d'El-Kala. Le 13 juillet, la brigade de lutte contre les stupéfiants de la sûreté de daïra d'El-Kala avait saisi plus de 5 kilogrammes de kif traité et procédé à l'arrestation de huit personnes. La saisie s'est effectuée lors d'un contrôle de routine de fourgons taxis. Les stupéfiants étaient enfouis dans un fourgon de transport public venant de la plage du Cap Rosa et devant se rendre à El-Kala. La drogue devait par la suite être écoulée en petites quantités dans ladite ville. Selon les chiffres de la Protection civile, 923 332 estivants ont fréquenté les plages de la wilaya d'El-Tarf, rien que durant le mois de juin. Les plages les plus prisées sont celles d'El-Kala, dont El-Mordjane (ex-L'Usine), qui a accueilli 339.880 baigneurs. Se trouvant dans un parc national et disposant de potentialités certaines et prometteuses, El-Kala peut se vanter de disposer d'une station balnéaire des plus remarquables. Sa côte regroupe huit plages sur douze ouvertes au niveau de la wilaya. En matière d'investissements, la commune d'El-Kala a enregistré plus de 50 projets dont la majorité est orientée vers le tourisme. La concrétisation de ces projets demeure aléatoire, déplore-t-on. «Face à cette situation, toutes les personnes ayant bénéficié de lots de terrain pour la réalisation de projets dont les travaux n'ont pas été lancés, seront poursuivies en justice pour l'annulation de l'attribution et doivent, par conséquent, restituer les terrains», avait indiqué, il y a un mois, le maire à l'APS.