Natif de la région de Sétif et âgé de 65 ans, cet artiste peintre émigré depuis les année 1960, à 22 ans. Il expose dans l'une des galeries du Musée national archéologique de Sétif une soixantaine de ses tableaux. Couvreur le jour, peintre la nuit, Hocine a la particularité de n'appartenir à aucune école. L'artiste s'exprime sous le masque du travailleur. Peintre et poète à ses heures perdues, il a pris sa revanche sur l'inexorable vie des travailleurs immigrés qui lui a été assignée. Il laisse son pinceau refléter librement ses états d'âme et sa sensibilité avec beaucoup d'émotions : “Je peins parce que c'est comme ça ! Une passion se vit, elle ne s'explique pas.” Outre la liberté de Yessaâd qui a choisi de ne s'enfermer dans aucun carcan artistique, l'on relève un large éventail de manières d'expression. En effet, en plus des tableaux réalisés à base de peinture classique, l'artiste n'hésite pas à utiliser d'autres modes d'expression comme les assemblages d'objets en métal ou en bois, les dessins au crayon et la calligraphie arabe, selon les canons consacrés par Omar Racim. Les thèmes abordés par Yessaâd sont aussi riches que diversifiés, à l'image de Paris, tableau relatant le côté impersonnel de la capitale française et permettant d'entrevoir une certaine idée des souffrances et de l'isolement vécus par le peintre lorsqu'il exerçait le métier de maçon. Amnésie, une autre œuvre, savant assemblage trahissant l'incompréhension dont souffrent les artistes, ou encore l'Emir Abdelkader, unique soumission de l'artiste à l'école du réalisme. À l'entendre parler de sa passion, Hocine, qui n'a rien perdu de sa culture du terroir, a gardé une clairvoyance, une finesse et un bon sens bien de chez nous. Il parle de sa peinture avec des accents de sincérité émouvants, car c'est un homme qui s'est forgé de toutes pièces dans la rude école de l'autodidactisme. Ismahene B.