La capitale des Hauts-Plateaux peut s'enorgueillir, et à juste titre, d'avoir parmi ses enfants un artiste plasticien de renom. Abdellah Ghedjati, Mustapha pour les intimes, est né en 1953 à Sétif. Dès son jeune âge, il se lance dans la peinture, encouragé par sa famille. En 1977, il exposera pour la première fois à Sétif, en 1986, il reçoit le second prix du festival national des arts plastiques de Souk Ahras. Sa passion des arts le pousse vers l'enseignement, il est professeur d'éducation artistique de 1980 à 1992, et depuis 1993, il est inspecteur dans la même discipline. Ce créateur infatigable, plus de 700 œuvres à son actif au cours de près de 30 ans de carrière, manipule son pinceau quotidiennement, et de ce fait, possède un riche parcours artistique avec de nombreuses expositions en Algérie et à l'étranger. Rien qu'en 2003, il exposera ses toiles à l'hôtel Cirta, à Djelfa, au salon méditerranéen à Oran, à Annaba et à Bordj Bou Arréridj, puis à Rennes en France. En 2005, 46 de ses peintures sont exposées au musée national Zabana d'Oran. L'année 2006 verra l'exposition de Rennes et l'installation de l'opéra de Lyon, où il réalisera in situ une peinture sur cadre, huile et goudron de 4 x 2,5 m, titrée Mixages, et qui restera exposée une année durant dans la ville avant d'être acquise par la municipalité lyonnaise. Sa dernière grande exposition a eu lieu au théâtre régional de Annaba, en mars 2008, où 56 œuvres pouvaient y être admirées. Les peintures de cet artiste ornent les murs de la présidence de la République, du palais royal de Jordanie, de la mairie de Rennes et de celle de Lyon, de plusieurs institutions bancaires et entreprises à Sétif et ailleurs en Algérie. Cependant, à la mairie de Sétif, on ne semble pas apprécier le style du peintre. Ce dernier a organisé en 2007, avec le comité des fêtes de la ville de Sétif, le salon des arts plastiques. De grands peintres et sculpteurs algériens y ont participé, à l'instar de Younès, Boukerch, Hakar, Taberha … Pour la 1ère fois dans l'histoire des arts plastiques, la sculpture a pris le dessus avec plus d'une centaine de pièces exposées. Avec la manifestation, Algérie, Capitale de la culture arabe, et lors de la semaine de la wilaya de Sétif, Ghedjati a procédé à l'installation d'une peinture de 3 x 2,5 m, en 28 panneaux, comportant chacun un des caractères de l'alphabet arabe. Cette peinture a forcé l'admiration de la ministre de la Culture algérienne et de celle de l'ambassadeur du Soudan, qui ont visité l'exposition. Au début, entre 2000 et 2005, Mustapha peignait dans les couloirs du centre Ifriqia (ex-Variétés), où son frère avait un magasin. En 2005, et après des tentatives, sans succès, pour obtenir l'aide ou des locaux de la mairie de Sétif, il loue un appartement, rue du colonel Amirouche (ex rue Vallet), et ouvre la première et unique galerie d'arts de l'est algérien. Ce sera la troisième en Algérie après celles d'Alger et d'Oran. La mise sur pied de cet espace d'exposition est le fruit de la passion et de la conviction du peintre, de la nécessité de faire accéder le public sétifien à l'art. « Socialement, cet espace participe de façon certaine à l'amélioration du niveau artistique ; un public fidèle de connaisseurs est né à Sétif ; la demande en est permanente et la présence appréciable à chaque manifestation culturelle », nous confiera l'artiste. Depuis sa création, en mars 2005, la galerie ne connaît pas de répit et ne désemplit pas. L'espace culturel a accueilli de nombreuses expositions, de l'artiste propriétaire lui-même, et une exposition des travaux d'un collectif de peintres sétifiens, une installation contemporaine de photos numériques, en collaboration avec Nada Boubekri d'Alger, une exposition de peintres de la ville de Tébessa du peintre Ferkous d'El Eulma, des B.D. de Kamel Souici et de deux peintres bretons, Chantal Le Saffre et Yann Le Coat. Cette galerie permet aussi à de jeunes enfants d'exposer leurs œuvres, en plus d'un public d'étudiants de l'école des Beaux-arts de Sétif et de l'institut d'architecture de l'université Ferhat Abbas, qui trouve chez le maître et dans la galerie une source certaine d'enseignement et d'inspiration. L'artiste sait aussi donner. Il offre son aide à tous les artistes qui veulent s'exprimer, transmettre un message, ou se faire connaître. Mustapha déclare avec passion « être prêt à participer à toute manifestation culturelle ». Par ailleurs, Abdellah Ghedjati a fait don de ses tableaux et organise régulièrement des expositions-ventes pour le bénéfice d'associations de handicapés, qu'il perçoit comme étant une frange marginalisée de la société…